L’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, bien qu’annoncé en grande pompe par Bruxelles, est loin de faire l’unanimité parmi les États membres. L’Italie, par la voix de sa présidente du Conseil Giorgia Meloni, a exprimé sa position nuancée, affirmant étudier « prudemment » le texte et ne le signer qu’en présence de « garanties concrètes » pour ses agriculteurs.
Un accord qui divise l’Europe
Alors que l’Allemagne et l’Espagne se félicitent de la création de cette immense zone de libre-échange réunissant plus de 700 millions de consommateurs, la France juge l’accord « inacceptable en l’état ». Les syndicats agricoles européens ne cachent pas non plus leur consternation face à ce qu’ils perçoivent comme une menace pour leur survie.
L’Italie avance avec prudence
Dans ce contexte tendu, l’Italie adopte une approche mesurée. Tout en étudiant attentivement les termes de l’accord préliminaire, Rome entend prendre le temps nécessaire pour s’assurer que ses demandes seront satisfaites avant d’apposer sa signature.
Nous étudions attentivement l’accord préliminaire (…) en prenant le temps nécessaire pour évaluer si nos demandes sont satisfaites.
Giorgia Meloni, présidente du Conseil italien
Protéger les agriculteurs : une priorité
Pour l’Italie, la défense de ses agriculteurs est un enjeu majeur. Confrontés à l’ouverture du marché européen aux produits issus de pays tiers ne respectant pas les mêmes normes environnementales et de sécurité alimentaire, les producteurs italiens craignent pour leur rentabilité et leur compétitivité, déjà mises à mal ces dernières années.
Giorgia Meloni insiste donc sur la nécessité pour l’accord UE-Mercosur d’offrir des garanties concrètes et des opportunités de croissance au monde agricole européen. Elle fustige « l’opposition absurde entre durabilité environnementale et compétitivité », tout en reconnaissant que des signes importants indiquent qu’une telle opposition est en voie d’être surmontée.
Des mécanismes de sauvegarde réclamés
Cependant, la dirigeante italienne estime qu’il reste encore beaucoup de travail à accomplir. Elle plaide notamment pour la mise en place de mécanismes de sauvegarde efficaces, y compris un système de compensation adéquate pour les secteurs qui pourraient être lésés par l’accord.
Des mécanismes de sauvegarde efficaces doivent être mis en place, y compris un système de compensation adéquate pour les secteurs qui pourraient être endommagés.
Giorgia Meloni, présidente du Conseil italien
Les avantages mis en avant par les pro-Mercosur
Face aux inquiétudes exprimées, les partisans de l’accord UE-Mercosur mettent en avant ses bénéfices potentiels. Selon eux, ce partenariat contribuera à renforcer la sécurité économique en diversifiant les échanges commerciaux. Les entreprises européennes pourraient ainsi économiser des milliards d’euros en droits de douane.
Mais ces arguments peinent à convaincre les opposants, qui redoutent un nivellement par le bas des normes et une concurrence déloyale de la part des pays sud-américains. L’équation entre ouverture des marchés et préservation du modèle agricole européen semble difficile à résoudre.
Un débat loin d’être clos
Alors que l’accord doit encore être approuvé par au moins 15 des 27 pays membres de l’UE, le débat est loin d’être clos. Chaque État évaluera le texte à l’aune de ses propres intérêts et sensibilités. L’Italie, en réclamant des garanties, ouvre la voie à d’âpres négociations.
Dans ce bras de fer entre libre-échange et protection des agriculteurs, l’Europe devra trouver un point d’équilibre. Un défi de taille, qui mettra à l’épreuve la cohésion et la solidarité des Vingt-Sept.
En résumé :
- L’Italie étudie prudemment l’accord UE-Mercosur et exige des garanties pour ses agriculteurs.
- L’accord divise l’Europe, entre partisans du libre-échange et défenseurs du modèle agricole.
- Rome réclame des mécanismes de sauvegarde et des compensations pour les secteurs lésés.
- Les négociations s’annoncent ardues pour trouver un point d’équilibre entre ouverture et protection.
L’issue de ce débat aura des répercussions majeures sur l’avenir des relations commerciales entre l’Europe et l’Amérique latine. Une chose est sûre : la route vers la ratification de l’accord UE-Mercosur s’annonce longue et semée d’embûches.