Une déclaration fracassante du Président italien Sergio Mattarella a mis le feu aux poudres dans les relations déjà tendues entre l’Italie et la Russie. Lors d’un discours à l’Université d’Aix-Marseille le 5 février dernier, le chef d’État transalpin a en effet dressé un parallèle sans équivoque entre l’agression russe actuelle contre l’Ukraine et les actions du Troisième Reich durant la Seconde Guerre mondiale. Des propos qui ont immédiatement suscité l’ire de Moscou.
Le spectre des régimes despotiques
Dans son allocution, Sergio Mattarella a rappelé comment l’avènement de « régimes despotiques et illibéraux » dans les années 1930 avait conduit à une escalade des tensions et à des « guerres de conquête » menées au nom de la « domination ». Un scénario qui, selon lui, n’est pas sans rappeler la situation actuelle :
« Tel était le projet du Troisième Reich en Europe. L’agression russe d’aujourd’hui contre l’Ukraine est de cette nature. »
Sergio Mattarella, Président de la République italienne
Une analogie lourde de sens qui a immédiatement fait réagir le Kremlin. La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a fustigé ces propos « scandaleux et manifestement faux », rappelant avec ironie que l’Italie était elle-même dirigée par le régime fasciste de Mussolini durant la Seconde Guerre mondiale, alors allié de l’Allemagne nazie.
L’Italie unie derrière son Président
Face à la virulence de la réaction russe, la classe politique italienne s’est unanimement rangée derrière Sergio Mattarella. La Première ministre Giorgia Meloni a qualifié les propos de Maria Zakharova d' »insulte à toute la nation italienne », tandis que l’opposition de centre-gauche les a jugés « inacceptables ». Une unité rare qui témoigne de la gravité de la situation.
La fin d’une relation privilégiée
Cette polémique marque un nouveau point bas dans les relations italo-russes, autrefois au beau fixe. Rome et Moscou entretenaient en effet des liens étroits, incarnés notamment par l’amitié personnelle entre Vladimir Poutine et l’ancien chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi. Mais depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, l’Italie a pris fait et cause pour Kiev, s’attirant les foudres du Kremlin.
Des conséquences diplomatiques inévitables
Au-delà de l’indignation, cette passe d’armes verbale aura inévitablement des répercussions concrètes sur les relations bilatérales. Maria Zakharova a d’ores et déjà prévenu que les déclarations de Sergio Mattarella ne resteraient pas « sans conséquences ». Reste à savoir quelles formes prendront ces mesures de rétorsion, dans un contexte géopolitique déjà explosif.
Une chose est sûre : en assimilant publiquement les agissements de la Russie à ceux de l’Allemagne nazie, le Président italien a franchi un point de non-retour. Un geste fort, qui ancre un peu plus l’Italie dans le camp occidental face à Moscou. Et qui risque de peser durablement sur le dialogue entre les deux pays, jadis si proches.