C’est un rebondissement majeur dans l’affaire Tariq Ramadan. La cour d’appel de Paris vient de décider de renvoyer l’islamologue suisse devant la cour criminelle pour des viols sur trois femmes. Un quatrième cas a quant à lui été écarté par la justice. Cette décision sonne comme un coup de tonnerre dans ce dossier ultra-médiatique et controversé qui déchire l’opinion publique depuis plusieurs années maintenant.
Tariq Ramadan bientôt jugé pour viols
Accusé par plusieurs femmes de viols et d’agressions sexuelles, Tariq Ramadan a toujours clamé son innocence, dénonçant un “complot” ourdi contre lui. Mais après de longs mois d’enquête et de batailles procédurales, la justice vient de trancher en faveur d’un procès.
Concrètement, l’intellectuel musulman devra répondre de ses actes devant la cour criminelle pour trois des plaintes déposées à son encontre. La cour d’appel a en revanche estimé qu’il n’y avait pas assez d’éléments pour le poursuivre concernant les accusations d’une quatrième femme.
Les avocats des plaignantes réagissent
Pour les avocates de la quatrième plaignante, dont le cas a été écarté, cette décision est “incompréhensible”. Mes Laure Heinich et Laura Ben Kemoun dénoncent un véritable camouflet alors que les juges d’instruction avaient pourtant demandé un procès pour cette accusation également.
La cour d’appel n’a pas suivi les réquisitions du parquet qui demandait pourtant un procès pour l’ensemble des faits dénoncés par nos clientes. C’est une décision difficilement compréhensible.
Mes Laure Heinich et Laura Ben Kemoun, avocates d’une plaignante
La défense de Tariq Ramadan contre-attaque
Du côté de la défense de Tariq Ramadan, c’est une toute autre analyse. Me Pascal Garbarini, l’un des avocats de l’islamologue, assure que “le combat continue pour l’innocence” de son client. Il estime que le fait que l’une des accusations soit écartée montre bien la fragilité du dossier.
Cette décision démontre s’il le fallait que les charges retenues contre Monsieur Ramadan sont plus que contestables. Nous entendons nous battre devant la cour criminelle pour prouver son innocence.
Me Pascal Garbarini, avocat de Tariq Ramadan
Des zones d’ombre persistent
Depuis le début de cette affaire fin 2017, lorsque les premières accusations sont apparues dans le sillage du mouvement #MeToo, les zones d’ombre restent nombreuses. Entre volte-face de certaines plaignantes, témoignages contradictoires et bataille médiatique, difficile d’y voir clair dans ce dossier tentaculaire.
Ces derniers mois, l’enquête semblait même dans une impasse, avec un quasi statu quo. Le renvoi en procès de Tariq Ramadan constitue donc une avancée majeure et relance incontestablement l’affaire. Mais le feuilleton judiciaire est encore loin d’être terminé.
Un procès sous haute tension à venir
Tariq Ramadan reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu’à l’issue définitive d’un éventuel procès. Mais ce dernier s’annonce d’ores et déjà électrique et sous haute tension. Entre soutiens de l’intellectuel et défenseurs des victimes présumées, les deux camps semblent plus que jamais irréconciliables.
- Pour les uns, Tariq Ramadan est la cible d’une cabale destinée à détruire sa réputation.
- Pour les autres, il est un “prédateur” qui a abusé de son statut et de son aura.
Une chose est sûre : ce procès, s’il a bien lieu, sera l’un des plus scrutés et commentés de ces dernières années. Au delà du sort de Tariq Ramadan, c’est la place de la parole des femmes, la question du consentement et les dérives des personnalités influentes qui seront au cœur des débats.
La justice aura la lourde tâche de départager les différentes versions, d’examiner les preuves et témoignages pour tenter d’établir la vérité dans cette affaire hors norme. Un procès en forme de test pour mesurer l’évolution de la société sur ces questions si sensibles des violences faites aux femmes.