Un rendez-vous diplomatique de haute importance se profile à l’horizon. Selon une source proche du dossier, l’Iran tiendra des discussions sur son programme nucléaire avec la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni le 13 janvier prochain à Genève. Cette réunion, qui se veut un « dialogue et une consultation » plutôt que de véritables négociations selon un diplomate iranien, fait suite à de précédents pourparlers tenus dans le plus grand secret fin novembre au bord du Léman.
Les enjeux seront cruciaux, puisque cette rencontre aura lieu seulement une semaine avant le retour à la Maison Blanche de Donald Trump, connu pour sa ligne dure envers Téhéran. Durant son premier mandat de 2017 à 2021, le président américain avait en effet mené une politique de « pression maximale » sur l’Iran, se retirant unilatéralement de l’accord de Vienne conclu en 2015 pour encadrer le programme nucléaire iranien.
Un programme nucléaire qui inquiète l’Occident
Si l’Iran défend un droit au nucléaire civil, notamment pour sa production d’énergie, les puissances occidentales doutent fortement des intentions pacifiques du régime. En novembre dernier, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et les États-Unis avaient d’ailleurs fait adopter une résolution reprochant à l’Iran son manque de coopération lors d’une réunion de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
En réponse, les Iraniens avaient annoncé la mise en service de nouvelles centrifugeuses pour enrichir davantage leur uranium. Un geste inquiétant, puisque selon le gendarme onusien du nucléaire, l’Iran est aujourd’hui le seul État non doté de l’arme atomique à enrichir de l’uranium à 60%, un niveau proche des 90% nécessaires pour fabriquer une bombe.
La doctrine nucléaire iranienne inchangée
Malgré les pressions internationales, l’Iran campe sur ses positions. Lundi dernier, un proche conseiller du guide suprême Ali Khamenei réaffirmait que le pays n’avait « pas changé sa doctrine sur le nucléaire ». Une ligne dure qui laisse entrevoir des discussions difficiles à Genève.
L’accord de Vienne de 2015, un espoir déçu
Pourtant, un espoir de détente était apparu en 2015 avec la signature à Vienne d’un accord historique sur le nucléaire iranien. Le texte, conclu entre l’Iran et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (États-Unis, Chine, Russie, France, Royaume-Uni) plus l’Allemagne, prévoyait un strict encadrement du programme nucléaire de Téhéran en échange d’une levée des sanctions internationales.
Mais cet équilibre fragile a volé en éclats en 2018 avec le retrait unilatéral des États-Unis décidé par Donald Trump, au grand dam des Européens. Washington a alors rétabli de lourdes sanctions contre l’Iran, provoquant l’ire de Téhéran qui a progressivement désengagé de ses obligations.
Vers une relance des négociations ?
Malgré ces tensions, l’Iran semble aujourd’hui disposé à renouer le dialogue. Le président iranien Massoud Pezeshkian, qui souhaite obtenir un allègement des sanctions pour relancer l’économie de son pays, s’est dit favorable à de nouvelles négociations pour ranimer l’accord de 2015.
Reste à savoir si les discussions de Genève permettront d’avancer sur ce dossier épineux. Les pays européens devront convaincre l’Iran de revenir dans les clous de l’accord de Vienne et de jouer la transparence sur son programme nucléaire. Un défi de taille à quelques jours du retour d’une administration Biden qui devra elle aussi clarifier sa position.
Le nucléaire iranien, un enjeu majeur pour la stabilité du Moyen-Orient
Au-delà du seul cas iranien, la question du nucléaire est un enjeu central pour l’équilibre géopolitique déjà instable du Moyen-Orient. Une éventuelle course à l’arme atomique dans la région aurait des conséquences désastreuses et risquerait d’attiser encore davantage les tensions.
Dans ce contexte, les discussions de Genève revêtent une importance capitale. Européens, Américains et Iraniens devront trouver un terrain d’entente pour sauvegarder le fragile édifice du régime de non-prolifération. Un échec de ces pourparlers pourrait ouvrir la voie à une escalade dangereuse et incontrôlable.
En conclusion, les discussions qui s’ouvrent le 13 janvier prochain à Genève entre l’Iran et les pays européens s’annoncent cruciales mais difficiles. L’enjeu sera de convaincre Téhéran de jouer la transparence sur son programme nucléaire, afin d’apaiser les inquiétudes occidentales et d’éviter une nouvelle escalade dans cette région sous haute tension. Une tâche ardue mais indispensable pour préserver la stabilité précaire du Moyen-Orient et l’architecture de sécurité internationale.