L’onde de choc n’en finit pas de se propager après l’élimination ciblée de Hassan Nasrallah, chef emblématique du Hezbollah libanais, dans une frappe israélienne le 27 septembre dernier à Beyrouth. Si l’État hébreu a revendiqué l’opération, les circonstances exactes de ce coup d’éclat des services secrets restent nimbées de mystère. Mais un nom revient avec insistance : celui d’Esmaïl Qaani, commandant de la redoutable Force Al-Qods des Gardiens de la Révolution iraniens.
Un haut gradé dans la tourmente
Selon des sources concordantes citées par le média Middle East Eye, Esmaïl Qaani serait actuellement détenu et interrogé en Iran, sous la supervision directe du Guide suprême Ali Khamenei. L’hypothèse d’une taupe iranienne ayant renseigné Israël sur les déplacements de Nasrallah, permettant son ciblage, prend de l’épaisseur. Et les soupçons se concentrent sur Qaani, pourtant figure clé du dispositif militaire et sécuritaire iranien à l’étranger.
La Force Al-Qods, unité d’élite chargée des opérations extérieures, est le bras armé du régime islamique dans son bras de fer régional avec Israël et ses alliés. Qaani en avait pris les rênes début 2024, succédant à Qassem Soleimani, tué par un drone américain à Bagdad. Une passation sous haute tension, l’ombre d’Israël planant déjà sur la puissance iranienne.
Une infiltration de grande ampleur ?
Au-delà du sort de Qaani, c’est bien la profondeur de la pénétration israélienne dans l’appareil sécuritaire iranien qui suscite toutes les inquiétudes à Téhéran. L’assassinat de Nasrallah puis celui de son successeur pressenti à la tête du Hezbollah, Hachem Safieddine, le 3 octobre dans un nouveau raid israélien, confirment l’ampleur de la faille.
Un vent de paranoïa souffle sur Téhéran. Les services de renseignement iraniens sont en ébullition, traquant la moindre fuite.
confie une source sécuritaire à Middle East Eye.
Après l’humiliation des éliminations ciblées au Liban, l’Iran joue sa crédibilité sur la scène moyen-orientale. Mais aussi sa stabilité interne, alors que la colère gronde contre le régime depuis la mort de Mahsa Amini en septembre 2022. Entre soulèvements populaires et menaces extérieures, les Gardiens de la Révolution sont sur tous les fronts.
Une réponse iranienne à prévoir
Acculé, le pouvoir iranien n’aura d’autre choix que de riposter pour ne pas perdre la face et enrayer l’hémorragie. Une escalade des tensions avec Israël semble inéluctable, au Liban comme sur d’autres théâtres. Jusqu’où la république islamique est-elle prête à aller pour restaurer son autorité ? Sa dissuasion passera-t-elle par une démonstration de force, au risque d’une déflagration régionale ?
Une chose est sûre : si l’implication directe d’Esmaïl Qaani dans la fuite ayant conduit à la mort de Nasrallah venait à se confirmer, le choc serait immense en Iran. Et la purge qui s’ensuivrait au sein des Gardiens de la révolution aurait des allures de séisme politico-militaire. Le bras de fer entre Téhéran et ses ennemis promet encore de multiples rebondissements.