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L’Iran Proteste Contre le Projet de Barrage Afghan sur l’Harirud

L'Iran a protesté contre un projet de barrage afghan sur l'Harirud, affirmant qu'il réduirait le débit d'eau et pourrait violer les traités bilatéraux. Les tensions sur l'eau s'intensifient entre les deux voisins...

Des tensions croissantes opposent l’Iran et l’Afghanistan concernant le partage des eaux transfrontalières. Le ministère iranien des Affaires étrangères a vivement protesté ce vendredi contre un projet de barrage que l’Afghanistan construit en amont sur la rivière Harirud, également connue sous les noms de Hari et Tejen. Téhéran argue que cet ouvrage, baptisé Pachdan, réduirait significativement le débit d’eau entrant en Iran et pourrait constituer une violation des traités bilatéraux régissant l’utilisation des ressources hydriques communes aux deux pays.

Un barrage afghan qui inquiète l’Iran

Situé dans la province afghane de Herat, le barrage de Pachdan devrait permettre de stocker environ 54 millions de mètres cubes d’eau afin d’irriguer 13 000 hectares de terres agricoles et de produire 2 mégawatts d’électricité. Décrit par les autorités afghanes comme un « projet vital et stratégique », sa construction serait en voie d’achèvement selon une vidéo diffusée en décembre par le vice-premier ministre afghan chargé des Affaires économiques, Abdoul Ghani Baradar.

Mais ce projet suscite la vive inquiétude de l’Iran. D’après le porte-parole de la diplomatie iranienne Esmaeil Baqaei, le barrage de Pachdan entraînerait « une restriction disproportionnée de l’eau entrant en Iran ». Les préoccupations iraniennes ont été communiquées aux « autorités afghanes compétentes », en soulignant que « l’exploitation des ressources en eau et des bassins ne peut se faire sans respecter les droits de l’Iran, conformément aux traités bilatéraux ».

La rivière Harirud au cœur des tensions

Prenant sa source dans les montagnes du centre de l’Afghanistan, la rivière Harirud s’écoule sur plus de 1000 km à travers l’Afghanistan, l’Iran et le Turkménistan. Elle représente une ressource en eau cruciale pour les régions arides qu’elle traverse, en particulier dans la province iranienne du Khorassan-e Razavi. Tout projet affectant son débit est donc très sensible pour les pays riverains.

Dans sa protestation, l’Iran a appelé l’Afghanistan à coopérer pour que « l’écoulement de l’eau des rivières frontalières » se poursuive normalement et que les « obstacles créés » soient supprimés. Téhéran avait déjà adressé en mai un avertissement sévère à Kaboul concernant un autre barrage afghan, sur la rivière Helmand, qui selon l’Iran portait atteinte aux droits à l’eau des habitants de la province iranienne du Sistan-Baloutchistan, alors frappée par la sécheresse.

L’eau, une source croissante de frictions

Les droits relatifs à l’eau sont depuis longtemps un point de friction dans les relations entre l’Iran et l’Afghanistan, qui partagent une frontière de plus de 900 km. Avec le réchauffement climatique et la multiplication des épisodes de sécheresse, la question du partage équitable des ressources en eau transfrontalières devient de plus en plus épineuse.

Pour l’Iran, deuxième pays le plus aride du monde, sécuriser ses approvisionnements en eau est un enjeu vital. Le pays fait face à un stress hydrique croissant, avec une consommation qui excède les ressources renouvelables. Dans ce contexte, toute diminution des apports en provenance des rivières frontalières comme l’Harirud est perçue comme une menace.

Mais l’Afghanistan, en amont, entend aussi exploiter son potentiel hydrique pour soutenir son développement agricole et énergétique. Avec une population en forte croissance et une économie encore largement rurale, le pays a un besoin crucial d’irriguer ses cultures et d’alimenter les villes en électricité. D’où la multiplication des projets de barrages, qui inquiètent les pays voisins.

Vers une « diplomatie de l’eau » ?

Face à ces tensions croissantes, de nombreux experts appellent au renforcement de la coopération régionale sur la gestion des ressources en eau. Des mécanismes de dialogue et de coordination entre pays riverains sont jugés indispensables pour prévenir les conflits et assurer un partage durable de ces ressources vitales mais limitées.

Certains évoquent la nécessité d’une véritable « diplomatie de l’eau », qui donnerait la priorité à cet enjeu dans les relations internationales. Car avec le changement climatique qui exacerbe la rareté de l’eau, les crises et les différends risquent de se multiplier à l’avenir, en Asie comme dans d’autres régions du monde.

Pour l’heure, la protestation iranienne contre le barrage de Pachdan illustre la complexité de la question du partage des eaux transfrontalières. Elle montre aussi que l’eau, ressource essentiellement de vie, peut hélas aussi être source de discorde entre nations quand elle vient à manquer. Reste à espérer que le dialogue et la coopération l’emporteront sur les divisions.

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