Alors que le conflit syrien entre dans sa douzième année, l’Iran vient de faire une déclaration qui pourrait marquer un tournant. Selon Abbas Araghchi, chef de la diplomatie iranienne, la République islamique est disposée à étudier toute demande de la Syrie concernant l’envoi de troupes iraniennes sur son sol. Une annonce lourde de sens dans un contexte déjà explosif.
L’Iran, un allié indéfectible de Damas
Téhéran n’a jamais caché son soutien au régime de Bachar al-Assad depuis le début de la guerre civile syrienne en 2011. L’Iran est notamment engagé militairement avec ce que les autorités présentent comme des « conseillers » épaulant l’armée syrienne. Des milices chiites pro-iraniennes sont également présentes sur le terrain aux côtés des forces loyalistes.
Mais les déclarations d’Abbas Araghchi vont plus loin. Pour la première fois, un haut responsable iranien évoque ouvertement la possibilité d’un déploiement de troupes régulières si Damas en fait la demande. Un scénario qui signerait une implication iranienne encore plus poussée dans le bourbier syrien.
Des « conseillers » aux premières lignes
Si l’Iran parle officiellement de « conseillers militaires », la réalité du terrain semble différente. De nombreux officiers iraniens ont perdu la vie en Syrie, non seulement lors de combats contre les rebelles mais aussi dans des frappes israéliennes visant des cibles pro-iraniennes. Téhéran est clairement partie prenante du conflit, bien au-delà d’un simple rôle de conseiller.
Si le gouvernement syrien nous demande d’envoyer des forces en Syrie, nous étudierons cette demande.
Abbas Araghchi, chef de la diplomatie iranienne
Vers une escalade du conflit ?
L’annonce iranienne intervient dans un contexte particulièrement tendu. Fin novembre, des groupes rebelles ont lancé une vaste offensive contre les forces du régime. Pour Téhéran, il s’agit ni plus ni moins d’un « complot américano-israélien » visant à déstabiliser le Moyen-Orient. En promettant « tout le soutien nécessaire » à Damas, l’Iran confirme qu’il est prêt à aller très loin pour défendre son allié syrien.
Un déploiement de troupes iraniennes en Syrie constituerait une escalade majeure dans un conflit qui a déjà fait des centaines de milliers de morts. Cela risquerait également d’attiser les tensions avec Israël, qui voit d’un très mauvais œil la présence iranienne à ses frontières et n’hésite pas à la cibler militairement.
Téhéran, Moscou, Damas : l’axe anti-occidental
Au-delà du cas syrien, les déclarations iraniennes illustrent la solidité de l’axe Téhéran-Moscou-Damas qui s’oppose aux puissances occidentales au Moyen-Orient. Le général Mohammad Bagheri, chef d’état-major des forces armées iraniennes, s’est entretenu de la situation avec ses homologues syrien et irakien ainsi qu’avec le ministre russe de la Défense. Selon la télévision d’État iranienne, tous ont décidé de « prendre les mesures nécessaires » pour soutenir l’armée syrienne face aux rebelles.
Cette coordination entre alliés montre que le conflit syrien est loin d’être une simple guerre civile. C’est aussi un affrontement par procuration entre puissances régionales et internationales, dont l’issue pèsera lourd sur les équilibres géopolitiques au Moyen-Orient. Et l’Iran entend bien peser de tout son poids dans cette bataille.
