Alors que les États-Unis s’apprêtent à tourner la page de l’ère Biden, l’Iran espère un changement de ton de la part de la nouvelle administration Trump. Lors d’une conférence de presse ce lundi, à quelques heures de l’investiture de Donald Trump, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a appelé le futur gouvernement américain à adopter une « approche réaliste » fondée sur le « respect des intérêts des nations de la région, y compris la nation iranienne ».
Ces déclarations interviennent dans un contexte de fortes tensions entre Washington et Téhéran. Lors de son premier mandat de 2017 à 2021, Donald Trump avait mené une politique de « pression maximale » envers l’Iran, marquée notamment par le retrait unilatéral des États-Unis de l’accord international sur le nucléaire iranien conclu en 2015. Cet accord offrait à l’Iran un allègement des sanctions en échange d’une limitation de son programme nucléaire.
L’Iran s’éloigne des limites de l’accord
En réponse au rétablissement de lourdes sanctions américaines suite à ce retrait, l’Iran s’est progressivement affranchi des restrictions de l’accord de 2015. Selon des sources proches du dossier, la République islamique aurait considérablement augmenté ses réserves d’uranium enrichi, portant le seuil à 60% de pureté, se rapprochant dangereusement des 90% nécessaires pour fabriquer une arme atomique.
Si Téhéran nie toute volonté de se doter de l’arme nucléaire, affirmant poursuivre un programme nucléaire uniquement à des fins civiles, les puissances occidentales voient d’un très mauvais œil cette montée en puissance des ambitions nucléaires iraniennes. La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, signataires européens de l’accord de 2015, ont même évoqué en décembre dernier la possibilité de réimposer des sanctions à l’Iran via un mécanisme prévu par la résolution onusienne 2231 qui avait entériné l’accord.
Téhéran met en garde contre un usage « abusif » des sanctions
Le porte-parole iranien a mis en garde ce lundi contre un recours « abusif » à ce levier dans le but de « faire pression sur l’Iran ou obtenir des concessions », promettant une réponse « réciproque et proportionnée ». « Dans ce cas, il n’y aurait plus aucune raison pour l’Iran de rester dans certains accords » comme le Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP), a-t-il prévenu.
Ce traité, pierre angulaire du régime international de non-prolifération nucléaire, oblige les États signataires à déclarer leurs matières nucléaires et à les placer sous le contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Un retrait iranien du TNP représenterait un coup dur pour les efforts de la communauté internationale visant à contenir les ambitions nucléaires de Téhéran.
La balle dans le camp de Washington
L’Iran semble donc attendre de voir quelle direction prendra la politique étrangère américaine sous ce nouveau mandat de Donald Trump. Si le retour à une approche basée sur le dialogue et la diplomatie semble peu probable au vu du passif du milliardaire républicain sur ce dossier, Téhéran espère malgré tout un infléchissement de la ligne dure adoptée précédemment.
Comme l’a souligné le porte-parole iranien, la « pression maximale » n’a en effet pas produit les résultats escomptés, poussant au contraire l’Iran à s’éloigner de ses engagements. La balle est désormais dans le camp de Washington pour tenter de renouer le fil du dialogue et désamorcer cette dangereuse escalade, alors que l’accord de 2015 menace de voler en éclats.
Un échec sur ce dossier aurait de lourdes conséquences pour la stabilité déjà précaire du Moyen-Orient. Il est donc crucial que la nouvelle administration Trump fasse preuve de « réalisme » et adopte une approche plus mesurée si elle souhaite préserver la sécurité régionale et empêcher l’Iran de franchir le seuil fatidique de la bombe atomique. Le temps presse, les enjeux sont majeurs.