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L’Iran Accuse Le Hamas D’avoir « Sapé » Les Négociations Nucléaires

L'Iran accuse le Hamas d'avoir "sapé" les négociations nucléaires avec les États-Unis suite à l'attaque du 7 octobre 2023. Cette révélation jette un nouvel éclairage sur les relations complexes au Moyen-Orient et les enjeux des pourparlers sur le nucléaire iranien...

C’est une révélation qui risque de faire l’effet d’une bombe dans les relations déjà tendues entre l’Iran et les États-Unis. Selon Mohammad Javad Zarif, vice-président iranien chargé des affaires stratégiques, l’attaque menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 aurait « sapé » les négociations sur le nucléaire entre Téhéran et Washington. Une accusation lourde de conséquences qui pourrait remettre en question l’avenir de l’accord sur le nucléaire iranien.

Une attaque aux répercussions majeures

Le 7 octobre 2023 restera dans les mémoires comme un jour sombre pour la stabilité au Moyen-Orient. Ce jour-là, des commandos du Hamas, infiltrés depuis la bande de Gaza, ont lancé une offensive d’une violence inouïe dans le sud d’Israël. Face à cette attaque sans précédent, l’État hébreu a immédiatement riposté en lançant une campagne militaire dévastatrice dans les territoires palestiniens.

Mais le conflit ne s’est pas arrêté là. Rapidement, la situation a dégénéré en un embrasement régional, l’Iran, soutien notoire du Hamas, entrant à son tour dans la danse en attaquant Israël. S’en est suivi un échange de frappes entre les deux ennemis jurés, faisant craindre le pire pour la sécurité et la paix dans la région.

L’Iran nie son implication

Malgré les accusations, l’Iran a toujours clamé son innocence dans cette escalade de violence. Mohammad Javad Zarif, l’homme fort du régime sur les questions stratégiques, a une nouvelle fois réaffirmé cette position lors du récent Forum économique mondial de Davos :

Nous n’étions pas au courant du 7-Octobre

Mohammad Javad Zarif, vice-président iranien chargé des affaires stratégiques

Une ligne de défense qui peine cependant à convaincre la communauté internationale, tant les liens entre Téhéran et le Hamas, notamment sur les plans financier et militaire, sont connus et documentés. Pour nombre d’observateurs, il paraît difficile d’imaginer que l’Iran n’ait pas eu vent d’une opération d’une telle envergure, qui plus est fomentée par un de ses principaux alliés dans la région.

Les conséquences pour l’accord nucléaire

Au-delà de la question de la responsabilité de l’Iran dans l’attaque du 7-Octobre, c’est bien l’avenir des négociations sur le nucléaire qui semble aujourd’hui compromis. Car comme l’a révélé Mohammad Javad Zarif, une réunion avec les Américains sur le renouvellement de l’accord était prévue le 9 octobre, soit deux jours seulement après le début des hostilités :

Nous devions avoir une réunion avec les Américains sur le renouvellement du JCPOA le 9 octobre, réunion qui a été sapée et détruite par cette opération.

Mohammad Javad Zarif, vice-président iranien chargé des affaires stratégiques

Pour rappel, le JCPOA, acronyme anglais désignant l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien, avait été conclu en 2015 entre l’Iran et les grandes puissances mondiales, dont les États-Unis. Il prévoyait une levée des sanctions internationales en échange de garanties de Téhéran sur le caractère exclusivement civil de son programme nucléaire. Un engagement que l’Iran a toujours affirmé, réfutant toute volonté de se doter de l’arme atomique.

Mais en 2018, le président américain de l’époque, Donald Trump, avait décidé de retirer unilatéralement son pays de l’accord, rétablissant dans la foulée de lourdes sanctions économiques contre l’Iran. Depuis, et malgré de laborieuses tractations, aucun nouveau compromis n’a pu être trouvé entre les différentes parties.

Les alliés de Téhéran, un obstacle aux négociations ?

Pour Mohammad Javad Zarif, artisan côté iranien du JCPOA, l’échec des négociations de l’automne 2023 serait donc directement imputable à l’offensive du Hamas. Une attaque à laquelle l’Iran serait étranger, mais qui aurait été menée par un de ses alliés « travaillant pour sa propre cause, même à [ses] dépens ». Une situation qui illustre toute la complexité de la position iranienne, tiraillée entre sa volonté affichée de relancer l’accord et les actions déstabilisatrices de certains de ses soutiens dans la région.

Malgré ce revers, l’Iran ne semble cependant pas avoir renoncé à trouver un terrain d’entente avec les Occidentaux sur son programme nucléaire. Mohammad Javad Zarif a réaffirmé à Davos que son pays ne cherchait pas à se doter de la bombe atomique, assurant que si tel avait été le cas, « nous aurions pu le faire il y a longtemps ».

Le vice-président iranien a également dit espérer que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche depuis janvier 2025, se montrerait « plus sérieux » et « plus réaliste » dans sa relation avec Téhéran que lors de son premier mandat. Un optimisme mesuré, après des années de tensions et de défiance entre les deux pays.

La récente passe d’armes entre l’Iran et les États-Unis autour des événements du 7 octobre 2023 montre en tout cas que la voie vers un nouvel accord sur le nucléaire iranien reste semée d’embûches. Entre jeux d’alliances régionaux complexes et rivalités géopolitiques, le chemin du compromis s’annonce encore long et périlleux. Mais au vu des enjeux en termes de sécurité et de stabilité mondiale, l’Iran et les grandes puissances semblent condamnés à poursuivre le dialogue. En espérant que les armes, cette fois, sauront se taire pour laisser place à la négociation.

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