C’est un pas de géant pour l’Irak. Le pays, riche en pétrole mais en quête de diversification économique, vient de lancer un projet d’envergure : la construction d’un immense port en eaux profondes à Al-Faw, sur la mer du Golfe. Une infrastructure titanesque qui pourrait bien faire de l’Irak un acteur incontournable du commerce maritime au Moyen-Orient.
Al-Faw, futur joyau portuaire de l’Irak
Situé à une centaine de kilomètres au sud de Bassora, coincé entre le Koweït et l’Iran, le port d’Al-Faw est le projet le plus ambitieux de l’Irak en termes d’infrastructures. Jeudi dernier, le Premier ministre irakien Mohamed Chia al-Soudani a officiellement lancé les travaux en inaugurant les 5 premiers quais, livrés par le géant coréen Daewoo. Un “jour historique” selon lui.
Ces quais, alignés sur une jetée de 1,7 km, ne sont que la partie émergée de l’iceberg. À terme, Al-Faw devrait devenir un hub portuaire de premier plan, avec :
- Un tunnel sous-marin de 2,4 km reliant Al-Faw à l’autre port irakien d’Oum Qasr
- Un brise-lame de près de 16 km pour protéger les installations
- Une liaison avec la future “Route du développement”, un corridor autoroutier et ferroviaire de 1200 km
L’objectif affiché est clair : faire de l’Irak une porte d’entrée majeure pour les échanges commerciaux au Moyen-Orient. Fini le temps où le pays devait emprunter les ports de ses voisins. Avec Al-Faw, l’Irak entend bien devenir un État maritime de premier plan.
Un chantier pharaonique et stratégique
Mais un tel projet ne se fait pas en un jour. La première phase devrait s’achever en 2025, mais il faudra encore patienter pour voir Al-Faw tourner à plein régime. Le tunnel sous-marin, par exemple, n’est réalisé qu’à moitié. Une fois terminé, il réduira le trajet entre les deux ports irakiens de 2h à 35 minutes.
Quant au coût, il est à la mesure des ambitions irakiennes. Le gouvernement évoque la somme de 17 milliards de dollars pour l’ensemble des travaux, y compris la fameuse “Route du développement” censée relier à terme les pays du Golfe à la Turquie via l’Irak. Un investissement colossal, mais nécessaire pour un pays qui cherche à se diversifier et à s’imposer comme un carrefour commercial régional.
L’Irak à la croisée des chemins
Avec ce méga-projet portuaire, l’Irak veut tourner la page des années de guerre et de chaos. Le pays mise sur ses infrastructures pour relancer son économie et jouer un rôle central dans les échanges au Moyen-Orient.
L’Irak, un pays qui avait besoin des ports des autres, se transforme en État maritime donnant sur le Golfe.
Mohamed Chia al-Soudani, Premier ministre irakien
Mais la route est encore longue. Si les premiers quais d’Al-Faw sont une étape cruciale, il faudra des années avant que l’Irak ne devienne la plaque tournante du commerce maritime qu’il ambitionne d’être. Les défis sont nombreux, entre instabilité politique, bureaucratie et corruption endémique.
Malgré tout, le lancement d’Al-Faw est un signal fort. Il témoigne de la volonté de l’Irak de se réinventer et de jouer dans la cour des grands. Si le pari est réussi, le pays pourrait bien devenir un acteur économique incontournable dans la région. Une perspective qui n’a pas échappé aux investisseurs et aux partenaires commerciaux potentiels.
Reste à voir si l’Irak saura mener à bien ce chantier titanesque et surmonter les obstacles sur sa route. Mais une chose est sûre : avec Al-Faw, le pays a posé un jalon crucial dans sa quête de renouveau économique et de rayonnement régional. Un pari audacieux, à la hauteur des ambitions d’une nation qui entend bien écrire une nouvelle page de son histoire.