L’intelligence artificielle générative est sur toutes les lèvres en ce moment, et l’industrie du jeu vidéo n’échappe pas à cette tendance de fond. Les possibilités offertes par cette technologie révolutionnaire font rêver les créateurs et les joueurs, avec la promesse de jeux toujours plus immersifs et interactifs. Mais cette innovation a un coût, qui pourrait bien freiner son adoption par les éditeurs.
L’IA générative, un potentiel immense pour les jeux vidéo
Yves Guillemot, le patron et cofondateur d’Ubisoft, est convaincu du potentiel de l’IA générative pour transformer l’expérience de jeu :
L’IA générative permettra d’avoir des mondes ouverts plus interactifs et vivants, amener nos jeux à un autre niveau dans les interactions possibles.
– Yves Guillemot, Ubisoft
Concrètement, l’IA pourrait générer des environnements dynamiques qui évoluent en fonction des actions du joueur. Les personnages non-joueurs seraient dotés d’une intelligence artificielle plus poussée, capable de dialoguer de façon naturelle et de s’adapter au comportement du joueur. Des animaux virtuels réalistes pourraient même devenir nos compagnons d’aventure !
Des mondes vivants et des interactions naturelles
Pour Yves Guillemot, l’IA générative est la clé pour créer “des mondes ouverts, plus vivants que ce que les jeux offrent aujourd’hui”. L’objectif est de donner vie à des univers crédibles, peuplés de personnages attachants avec lesquels on peut tisser de véritables relations. Une promesse alléchante, qui rappelle les ambitions de jeux comme Cyberpunk 2077 ou la série des Elder Scrolls.
Un coût d’intégration qui inquiète les éditeurs
Mais cette révolution technologique a un prix, et c’est bien là que le bât blesse. Yves Guillemot pointe du doigt le “coût de l’informatique” nécessaire au fonctionnement de l’IA et du cloud gaming. Pour rentabiliser ces innovations, il faudra trouver un modèle économique viable :
Si on peut le faire à un coût raisonnable. (…) Ce ne sera possible que si on peut le faire à un coût raisonnable.
– Yves Guillemot, Ubisoft
Une inquiétude partagée par de nombreux acteurs de l’industrie, qui craignent de voir les budgets de développement s’envoler. D’autant que les joueurs sont de plus en plus exigeants en termes de qualité et de contenu, sans pour autant être prêts à payer plus cher leurs jeux.
Vers un nouveau modèle économique pour le jeu vidéo ?
Face à ce défi, Yves Guillemot imagine un nouveau partage des tâches entre les consoles et le cloud :
On va aller vers un mix” entre consoles et ordinateurs personnels d’un côté, serveurs à distance de l’autre.
– Yves Guillemot, Ubisoft
L’idée serait d’utiliser la puissance des machines des joueurs pour réduire les coûts liés à l’IA et au cloud. Un modèle hybride qui permettrait de tirer le meilleur des deux mondes, en offrant des expériences de jeu inédites à un prix abordable.
Reste à savoir si les constructeurs de consoles et les fabricants de composants suivront cette voie. Yves Guillemot espère notamment qu’Apple proposera des puces adaptées dans ses prochains appareils, afin de “créer ces jeux capables de fonctionner sur toutes ces machines en même temps”.
L’avenir du jeu vidéo se jouera-t-il dans le cloud ?
Au-delà des considérations techniques et économiques, l’IA générative pose aussi des questions de fond sur l’avenir du jeu vidéo. Avec des mondes toujours plus grands et interactifs, on peut craindre une forme “d’overdose de contenu” et une perte de vue des éléments narratifs et artistiques qui font la richesse des jeux.
Certains y voient aussi un risque “d’uniformisation” des productions, avec des jeux générés procéduralement qui se ressembleraient tous. Des craintes balayées par Yves Guillemot, qui mise au contraire sur “une approche différente et très intéressante” :
Les gens aiment cette possibilité de jouer différemment, de visiter les différents univers d’Ubisoft et peut-être d’autres aussi.
– Yves Guillemot, Ubisoft
Ubisoft a d’ailleurs déjà commencé à explorer ces possibilités avec XDefiant, un jeu de tir qui croise les univers de Tom Clancy’s, Far Cry et Watch Dogs. Après un lancement réussi avec 10 millions de joueurs la première semaine, le pari semble en passe d’être gagné.
Un futur passionnant, entre défis technologiques et créatifs
L’intelligence artificielle générative ouvre indéniablement des perspectives excitantes pour le jeu vidéo, avec la promesse de réinventer l’expérience des joueurs. Mais cette révolution technologique s’accompagne aussi de nombreux défis, tant sur le plan économique que créatif.
Les éditeurs comme Ubisoft en sont bien conscients, et planchent déjà sur les solutions pour tenir la difficile équation entre innovation et rentabilité. Car si le coût de l’IA est aujourd’hui leur “principale crainte”, tous sont convaincus qu’elle sera le moteur des jeux de demain.
Une chose est sûre : l’avenir du jeu vidéo sera passionnant à suivre ces prochaines années, entre prouesses technologiques et créations artistiques toujours plus ambitieuses. Vivement la suite !
