L’intelligence artificielle fascine autant qu’elle inquiète. Si ses applications semblent infinies et prometteuses, elles ne sont pas sans risques, notamment dans le domaine de la finance. Selon des experts, des escrocs pourraient en effet utiliser l’IA pour manipuler les marchés financiers et servir leurs intérêts. Un scénario qui fait frémir les banques et les régulateurs.
L’IA, un outil puissant entre de mauvaises mains
Avec ses capacités de calcul et d’analyse démultipliées, l’intelligence artificielle pourrait devenir une arme redoutable pour les escrocs. En générant de fausses informations de manière crédible et massive, ils seraient en mesure d’influencer les cours boursiers et de parier à la baisse contre certaines entreprises ciblées.
Comme l’explique Pascal Perri, éditorialiste économie sur LCI, les banques peuvent se protéger contre des virus informatiques, mais sont impuissantes face à la désinformation. Une fausse nouvelle relayée massivement pourrait créer un vent de panique sur les marchés, avec des conséquences potentiellement désastreuses.
On pourrait s’en servir, par exemple, pour affaiblir la concurrence, pour parier à la baisse contre des entreprises.
Pascal Perri, éditorialiste économie sur LCI
Affaiblir des concurrents, déstabiliser des pays
Au-delà de la manipulation boursière, l’IA pourrait aussi être utilisée à des fins de déstabilisation économique, voire géopolitique. En situation de guerre par exemple, un pays pourrait chercher à détruire les capacités de production de son ennemi en semant le trouble via de fausses informations ciblées.
Les fake news générées par IA ont en effet un pouvoir viral décuplé. Elles peuvent se propager à très grande vitesse sur les réseaux sociaux et toucher un public extrêmement large en un temps record. De quoi faire vaciller certaines économies déjà fragiles.
Risque accru de panique bancaire
Les banques sont particulièrement vulnérables à ces attaques d’un nouveau genre. Une étude de Fenimore Harper montre en effet qu’un faux contenu créé par IA et diffusé massivement augmente significativement les risques de panique bancaire et de retraits massifs.
Face à une information alarmiste sur la santé d’un établissement, même infondée, de nombreux clients pourraient se précipiter pour retirer leur argent, menaçant la stabilité de la banque. Un scénario catastrophe que les autorités financières prennent très au sérieux.
Comment se protéger face à cette menace ?
Si les banques semblent démunies face au risque de désinformation, elles tentent néanmoins de s’adapter. La plupart ont renforcé leurs dispositifs de veille sur les réseaux sociaux pour détecter au plus vite la propagation de fausses nouvelles les concernant.
Elles misent aussi sur une communication proactive et transparente auprès de leurs clients pour instaurer un climat de confiance et couper court aux rumeurs. Certaines réfléchissent même à faire appel à l’IA pour lutter contre les deep fakes en détectant les contenus manipulés.
Les régulateurs financiers planchent quant à eux sur un encadrement plus strict de l’IA dans la finance. L’enjeu : prévenir les dérives sans entraver l’innovation. Un équilibre délicat à trouver, alors que la technologie ne cesse de progresser.
L’humain, maillon fort de la cybersécurité
Au-delà des aspects technologiques, la meilleure protection reste la vigilance humaine. Les experts appellent à renforcer la culture cyber de tous les acteurs de la finance, des traders aux épargnants en passant par les conseillers.
Apprendre à repérer les signes d’une possible manipulation, vérifier les sources avant de relayer une information, ne pas céder à la panique… Autant de réflexes à acquérir pour se prémunir des pièges de la désinformation, avec ou sans IA.
La technologie ne remplacera jamais totalement la prudence et le discernement humain, surtout dans un domaine aussi sensible que la finance.
Un expert en cybersécurité financière
L’intelligence artificielle est une révolution à double tranchant pour les marchés financiers. Porteuse d’opportunités, elle fait aussi peser de nouvelles menaces qu’il faudra apprendre à anticiper et juguler. La finance 2.0 n’a pas fini de nous surprendre, en bien comme en mal.