ActualitésLoisirs

L’insolite tendance TikTok qui explore les recoins les moins attrayants du monde

Une nouvelle lubie improbable fait fureur sur TikTok : visiter virtuellement les endroits considérés comme les plus "moches" aux quatre coins du globe. Retour sur ce concept étonnant qui suscite un vif engouement et un débat passionné sur les réseaux...

Que diriez-vous d’un petit tour du monde des lieux les moins sexy de la planète ? C’est le défi quelque peu paradoxal que s’est lancé Natasha Gupta, une jeune créatrice de contenu britannique, et qui rencontre un succès viral stupéfiant sur le réseau social TikTok. Depuis juillet 2024, ses vidéos d’exploration virtuelle des endroits jugés « moches » aux quatre coins du globe cumulent des millions de vues et font l’objet de débats acharnés. Mais qu’est-ce qui fascine tant les internautes dans ce concept a priori absurde ?

Une chasse au « ugly » sur Google Earth qui enflamme la toile

Derrière sa webcam, le visage de Natasha Gupta alterne entre lassitude et détermination. Car pour espérer atteindre son but – dénicher le lieu le moins attrayant d’une ville ou d’un pays donné – la jeune femme doit souvent enchaîner les clics sur Google Earth pendant de longues minutes. Des ruelles, des façades, des paysages défilent jusqu’à ce que son verdict tombe, implacable : « ugly » (« laid » en français).

Un concept simplissime donc, mais qui s’avère addictif à regarder et génère des discussions infinies dans les commentaires. Rares sont en effet les internautes qui ne trouvent vraiment rien de disgracieux aux lieux désignés par la TikTokeuse comme « moches ». L’exercice révèle à quel point la perception du beau ou du laid est éminemment subjective.

Une envie de voyager frustrée à l’origine du concept

Interrogée par CNN, Natasha Gupta explique que cette idée est née d’une frustration : celle de ne pas pouvoir parcourir le monde faute de moyens. Ces flâneries virtuelles étaient pour elle un moyen de s’évader malgré tout. Mais elle insiste aussi sur sa volonté de « montrer que chaque pays a sa propre beauté » et de « remettre en question les clichés ».

Derrière l’insolite, une réflexion sur nos critères esthétiques

De la banlieue new-yorkaise à l’Ohio en passant par la France, la jeune Britannique n’hésite pas à s’aventurer loin des sentiers battus et des attractions touristiques. Ce faisant, elle révèle des aspects méconnus de chaque lieu, interrogeant nos représentations.

Si le concept peut paraître superficiel au premier abord, il soulève en réalité des questions intéressantes. Qu’est-ce qui définit un paysage ou un lieu comme beau ou laid ? Dans quelle mesure ce jugement est-il culturellement conditionné ? Le succès de ces vidéos montre en tout cas que l’insolite et l’inattendu ont toujours le vent en poupe sur les réseaux sociaux.

Une tendance qui s’inscrit dans une réflexion plus large

Cette exploration des recoins « moches » de la planète fait écho à d’autres initiatives visant à mettre en lumière le laid, le délaissé, le marginalisé. On pense notamment aux palmarès des « villes moches » établis par certaines associations pour alerter sur des problèmes d’urbanisme.

Le laid n’est pas forcément là où on l’attend. Il peut révéler des réalités qu’on préfère ne pas voir.

– Un urbaniste interviewé par une source proche du Figaro

Bien sûr, la démarche de Natasha Gupta se veut avant tout ludique et humoristique. Mais elle participe malgré tout à déconstruire nos a priori sur ce qui mérite d’être montré ou non. Une manière détournée de célébrer la diversité du monde dans tous ses aspects, y compris les moins « instagrammables ».

Un engouement révélateur des nouvelles formes de « tourisme numérique »

Le succès fulgurant de ce concept montre aussi à quel point les frontières du voyage se redéfinissent à l’ère du numérique. Grâce aux outils comme Google Earth, il est désormais possible de découvrir des lieux sans même bouger de son canapé. Une tendance qui s’est accélérée avec les restrictions liées à la pandémie et qui ne semble pas prête de s’essouffler.

  • Près de X millions de personnes utilisent Google Earth chaque mois pour explorer virtuellement la planète.
  • X % des millennials disent préférer passer par une « prévisite » virtuelle avant de se rendre physiquement dans un lieu.

Pour autant, peut-on réellement parler de « tourisme » lorsqu’on se contente de survoler superficiellement des lieux à travers un écran ? C’est tout le débat soulevé par ce type de pratiques, qui réinventent notre rapport à l’ailleurs et au voyage.

Quoi qu’il en soit, l’engouement suscité par les vidéos de Natasha Gupta prouve l’appétit intarissable des internautes pour la découverte de lieux atypiques sortant des sentiers battus. Une curiosité qu’aucun qualificatif de « moche » ne semble pouvoir freiner, bien au contraire. Comme quoi, il n’y a peut-être pas de mauvaise destination, juste de mauvais guides touristiques…

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.