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L’insolente domination de Pogacar et UAE Team Emirates en 2024

81 victoires, 6 étapes sur le Tour et le Giro, champion du monde... Pogacar et son équipe ont tout raflé en 2024. Une domination écrasante qui soulève des questions. Enquête sur une saison cycliste hors norme.

Tadej Pogacar et l’équipe UAE Team Emirates ont écrit une nouvelle page de l’histoire du cyclisme en 2024. Rarement une formation et son leader n’avaient à ce point dominé une saison, tant par le nombre de victoires que par la manière. Mais dans un sport encore marqué par le spectre du dopage, une telle hégémonie soulève inévitablement des interrogations.

81 victoires et des exploits à la pelle pour UAE Team Emirates

Le bilan de l’équipe émiratie est tout simplement ahurissant. Avec 81 succès, elle devance très largement ses principaux rivaux :

  • Lidl-Trek : 42 victoires
  • Soudal Quick Step : 34 victoires
  • Team Visma Lease a Bike : 32 victoires
  • Décathlon AG2R-la Mondiale : 30 victoires

Sur les 29 coureurs de l’effectif, 20 ont remporté au moins une course. Du jamais vu. Tout cela orchestré par le stratège slovène Tadej Pogacar, vainqueur notamment du Tour de France et du Giro, à chaque fois avec 6 étapes dans la musette.

Le Cannibale version 2.0

Au-delà des chiffres bruts, ce sont les chevauchées fantastiques de « Pogi » qui ont marqué les esprits. Son attaque au sommet du cyclisme avec le titre mondial décroché après un raid en solitaire de 102 km a laissé bouche bée le légendaire Eddy Merckx :

Pogacar est au-dessus de moi.

Eddy Merckx, après les Mondiaux de Zürich

Autres chevauchées mémorables : 81 km en solitaire sur les Strade Bianche, 48,5 km au Tour de Lombardie ou encore 35 km pour s’imposer sur Liège-Bastogne-Liège. Un cocktail de panache, de force et de vista qui a mis tout le peloton à genou.

Des doutes qui s’invitent

Mais cette mainmise d’UAE et de son prodige interroge aussi. Car dans un cyclisme encore convalescent des années sombres du dopage, de telles performances font naître le soupçon. Thomas Voeckler, sélectionneur tricolore, l’avoue sans fard:

Franchement, je l’adore. Par contre c’est ennuyeux, je suis désolé. Quand il part si loin de l’arrivée, derrière c’est palpitant, mais c’est juste pour la place de deuxième.

Thomas Voeckler, sur Cyclism’Actu

Équipe au budget le plus élevé du peloton (55 à 60 M€ selon Cycling News), UAE a parfois semblé courir dans une autre catégorie. De quoi nourrir les suspicions, surtout après le feuilleton du monoxyde de carbone, cette technique d’inhalation controversée utilisée par plusieurs formations dont les Émiratis. L’UCI a dû se saisir du dossier fin 2024.

Pogacar face aux questionnements

Au cœur du cyclone, Tadej Pogacar a tenté d’éteindre l’incendie avant le Tour de Lombardie. Faisant valoir que la domination a toujours existé dans le sport, il s’est voulu rassurant :

Je pense qu’il y a toujours une domination pendant quelques années au maximum, puis, à un moment donné, un nouveau talent arrive, un nouveau gars plus affamé, une nouvelle équipe plus performante.

Tadej Pogacar, avant le Tour de Lombardie

Reste que 2024 restera comme son année. L’une des plus incroyables de l’histoire du vélo. Avec de nouveaux sommets atteints par lui et son équipe, et une ribambelle de questions laissées en suspens. Le revers de la médaille d’une domination parfois étouffante.

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