Un nouveau fléau sévit aux États-Unis : les “ghost guns”, ces armes à feu intraçables imprimées en 3D. En un an, les autorités en ont saisi pas moins de 25 000, mais il est impossible de savoir combien restent en circulation. Fabriquées à domicile à partir de kits, sans numéro de série, ces armes fantômes sont désormais impliquées dans un crime sur quinze outre-Atlantique.
Une réglementation impuissante face à la prolifération
Se procurer une “ghost gun” est un jeu d’enfant. Il suffit de quelques clics sur le site d’un revendeur, de renseigner ses coordonnées et de régler la modique somme de 300 euros. Aucune vérification du casier judiciaire ou de la santé mentale de l’acheteur n’est requise. Le kit est ensuite livré à domicile avec les pièces à assembler et un mode d’emploi. En suivant les instructions, l’arme est opérationnelle en deux minutes à peine.
Face à ce phénomène, la législation a bien été renforcée en août 2022, obligeant les armuriers à inclure un numéro de série pour les armes imprimées en 3D. Mais les activistes pro-armes, comme Cody Wilson qui fut le premier à présenter un pistolet semi-automatique imprimé en 3D, contournent aisément la loi. Pour lui, c’est un combat idéologique :
On rencontre de plus en plus d’hostilité. Et donc, ce n’est plus aussi rentable qu’avant. Il y a trop d’obstacles juridiques. Mais moi, je ne le fais pas pour l’argent. Pour moi, c’est un combat idéologique.
Cody Wilson, fondateur de Defense Distributed
Traçabilité quasi-impossible, un casse-tête pour les enquêteurs
L’absence de numéro de série rend le traçage des “ghost guns” extrêmement complexe. D’après une source proche, les enquêteurs doivent multiplier les interrogatoires pour tenter de remonter la piste :
On commence par des interrogatoires. Où avez-vous obtenu cette arme ? Comment l’avez-vous payée ? Ensuite, on remonte la piste et on essaye d’identifier celui qui les a fabriquées. Et on essaye de poursuivre ces gens-là.
Un responsable du bureau des enquêtes sous couvert d’anonymat
Mais la tâche est titanesque. Plusieurs États et villes ont pris le parti d’interdire purement et simplement ces armes fantômes. Une mesure radicale mais qui semble encore bien insuffisante face à l’ampleur de la prolifération.
La présidentielle de 2024 sous tension
Dans ce contexte, le débat sur les armes à feu s’invite dans la campagne présidentielle de 2024. La candidate démocrate Kamala Harris, qui a récemment révélé posséder elle-même une arme, semble osciller entre volonté de réguler et séduction de l’électorat pro-armes. À l’opposé, le républicain Donald Trump a reçu le soutien inconditionnel de la NRA, le puissant lobby des armes.
Mais au-delà des postures politiques, c’est une véritable épidémie d’armes fantômes qui ronge les États-Unis. Une menace diffuse, presque invisible, mais terriblement meurtrière. Selon des sources concordantes, la lutte contre ce fléau s’annonce longue et ardue. À quelques semaines des élections, le pays retient son souffle, tiraillé entre le sacro-saint deuxième amendement et l’impérieuse nécessité de juguler cette prolifération incontrôlable.