Les rues d’Île-de-France sont-elles en train de devenir un coupe-gorge géant ? C’est le constat alarmant qui ressort à la lecture d’une note confidentielle de la police, révélée par Le Parisien. Pas une semaine ne passe sans que les forces de l’ordre ne soient mobilisées sur une énième affaire de coups de couteau. Que ce soit pour une altercation entre automobilistes, une rixe entre mineurs, une querelle de dealeurs ou des violences intrafamiliales, la liste des prétextes pour sortir les lames est sans fin.
Paris, la Seine-Saint-Denis et le Val-d’Oise, épicentres des attaques
La note de la police, qui compile les données sur les homicides et tentatives d’homicide à l’arme blanche entre 2016 et 2021, permet de dessiner une cartographie inquiétante. Paris, la Seine-Saint-Denis et le Val-d’Oise arrivent en tête avec un taux effarant de 7,8 agressions au couteau pour 100 000 habitants. Les Yvelines, l’Essonne et le Val-de-Marne suivent avec 1,3 fait pour 100 000 habitants. Enfin, les Hauts-de-Seine et la Seine-et-Marne ferment la marche avec un taux de 0,6.
Des drames qui se jouent souvent en famille
Derrière ces chiffres froids se cachent des tragédies humaines. Car dans 35% des cas, ces attaques ont lieu dans le cercle familial, et dans 22% au sein même du couple. Un chiffre qui rappelle à quel point les violences domestiques restent un fléau, souvent caché et minimisé.
Les victimes, jeunes et déjà connues de la police
Qui sont les victimes de cette vague de violence ? La note révèle qu’elles ont en moyenne 38 ans, et que près de la moitié (46%) sont déjà connues des services de police. 39% d’entre elles ont même des antécédents multiples. Sans surprise, l’exposition à la violence, aux trafics et aux drogues constituent des facteurs de risque majeurs, en particulier chez les plus jeunes. Un constat terrible : dans 50% des cas, la victime décède avant même l’arrivée des secours…
Les auteurs : des hommes jeunes, désocialisés et déjà criminalisés
Quant aux auteurs de ces agressions, ils sont très majoritairement des hommes (87%). Près d’un tiers (30%) vivent dans des quartiers dits “sensibles”, plus de la moitié (53%) sont sans emploi. L’alcool et les drogues jouent souvent un rôle déclencheur, 32% agissent sous l’emprise de l’alcool et 9% de stupéfiants. Mais surtout, 63% de ces agresseurs avaient déjà eu affaire à la police par le passé, confirmant le cercle vicieux de la violence.
“Les mis en cause pour homicide commis à l’arme blanche sont plus souvent de nationalité étrangère que ceux qui ont eu recours à un autre procédé pour tuer”
Extrait de la note de la police
Un autre élément troublant soulevé par cette note est la surreprésentation des étrangers parmi les auteurs d’homicides au couteau, par rapport aux autres modes opératoires. Et dans 65% des cas, leurs victimes sont également de nationalité étrangère. Un constat qui pose la question épineuse des défis d’intégration et des tensions communautaires.
Des mesures à la hauteur de l’urgence ?
Face à ce phénomène qui gangrène le quotidien de nombreux Franciliens, les pouvoirs publics semblent désarmés. Le déploiement de brigades anticriminalité et de “policiers de la lame” constitue certes un premier pas. Mais il faudra sans doute des réponses beaucoup plus structurelles, agissant à la racine sur le mal-être social, l’échec de l’intégration et la perte de repères d’une partie de la jeunesse, pour endiguer durablement ce fléau. En attendant, les agressions au couteau risquent malheureusement de faire d’autres victimes aux quatre coins d’Île-de-France…