La participation de Louis Boyard, jeune député LFI, à l’élection municipale partielle de Villeneuve-Saint-Georges fait polémique. En cause : la présence sur sa liste d’un certain Mohammed Ben Yakhlef, militant insoumis dont les publications sur les réseaux sociaux affichent un soutien appuyé au mouvement islamiste palestinien Hamas. Un profil qui soulève des interrogations à l’approche du scrutin prévu les 26 janvier et 2 février prochains.
Mohammed Ben Yakhlef, un militant controversé
Âgé de 47 ans, Mohammed Ben Yakhlef apparaît en 7ème position sur la liste « Dignité, fierté et solidarité » conduite par Louis Boyard. Mais c’est surtout son activisme pro-Hamas qui retient l’attention. Sur son compte Twitter, ce militant insoumis qui se définit comme « antiraciste et anti-islamophobie » a multiplié les messages de soutien appuyés au groupe considéré comme terroriste par l’Union Européenne :
Honte à la France qui ose qualifier la résistance palestinienne de « terroriste ». La résistance répond au terrorisme d’État de l’État sioniste. La France est complice du génocide des Palestiniens.
Il a également souhaité la « victoire de la résistance palestinienne » le jour même où le Hamas a lancé des attaques ayant fait 1200 morts en Israël en octobre dernier. Une rhétorique qui tranche avec la position officielle des Insoumis, lesquels se gardent en général de soutenir aussi ouvertement le Hamas.
Un profil assumé
Loin de prendre ses distances, Mohammed Ben Yakhlef assume pleinement son engagement aux côtés du Hamas. En mars dernier, il appelait ainsi à participer à une conférence dénonçant la loi de 2004 interdisant les signes religieux ostensibles à l’école, aux côtés de collectifs pro-palestiniens radicaux :
20 ans d’islamophobie, 20 ans de résistance
Une ligne militante décomplexée qu’il a encore réaffirmée en août, après le décès du leader du Hamas Ismaël Haniyeh. Alors que des élus de gauche refusaient de travailler avec ceux cautionnant le Hamas, il a vertement répliqué :
Balivernes, le Hamas est un mouvement de résistance contre un état terroriste qui commet un génocide.
Des interrogations à l’approche du scrutin
La présence d’un militant aussi engagé en faveur du Hamas sur la liste de Louis Boyard suscite des interrogations à quelques jours du premier tour de l’élection municipale partielle de Villeneuve-Saint-Georges. D’après des sources proches du dossier, certains cadres insoumis s’inquiéteraient en privé de l’exposition médiatique de ce profil controversé, dans un contexte marqué par de vives tensions au Proche-Orient.
Officiellement, Louis Boyard et son équipe assument ce choix et mettent en avant le reste du parcours militant de Mohammed Ben Yakhlef, engagé de longue date dans la défense des quartiers populaires. Mais à mesure que l’élection approche, la polémique prend de l’ampleur. Au risque de parasiter la campagne du jeune député et de ternir l’image des Insoumis, déjà régulièrement accusés par leurs adversaires de complaisance envers l’islamisme.
Une élection sous surveillance
Reste à savoir quel sera l’impact de cette polémique dans les urnes. Pour rappel, ce scrutin partiel a été organisé après la démission d’un tiers du conseil municipal en octobre, suite au salut nazi effectué par le maire sortant divers droite Philippe Gaudin. Un contexte explosif qui devrait garantir une forte mobilisation des électeurs.
Louis Boyard, malgré sa jeunesse et son inexpérience, part favori dans une ville ancrée à gauche. Mais la révélation du profil sulfureux de son colistier pro-Hamas pourrait rebattre les cartes. D’autant que Mohammed Ben Yakhlef se présente face à son propre frère, Hamid Ben Yakhlef, lui aussi candidat à la tête d’une liste citoyenne. Un duel fratricide sur fond de soutien au Hamas qui sera scruté avec attention bien au-delà de Villeneuve-Saint-Georges.
Les Insoumis face à leurs contradictions
Au-delà du cas Villeneuve-Saint-Georges, c’est la position des Insoumis sur l’islamisme qui se retrouve une nouvelle fois questionnée. Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon a toujours peiné à clarifier sa ligne sur ce sujet sensible, tiraillé entre un discours de fermeté et la volonté de ne pas stigmatiser les musulmans. Un grand écart de plus en plus difficile à tenir, comme l’illustre la polémique Mohammed Ben Yakhlef.
Pour Louis Boyard et les jeunes cadres insoumis, l’enjeu est de taille. En portant un militant ouvertement pro-Hamas, ils prennent le risque de donner du grain à moudre à ceux qui les accusent de complaisance envers l’islamisme. Mais un désaveu serait vécu comme une trahison par une partie de leur base militante attachée à la cause palestinienne. Un dilemme cornélien qui sera tranché dans les urnes les 26 janvier et 2 février prochains. Avec à la clé, un test grandeur nature pour l’avenir politique de Louis Boyard et la ligne des Insoumis sur l’épineuse question de l’islamisme.