C’est une onde de choc qui a traversé le Brésil le soir du 29 octobre 2024. L’annonce de la 2e place de Vinicius Junior au Ballon d’Or, derrière l’Espagnol Rodri, a provoqué un véritable tollé dans le pays du football roi. De Rio à São Paulo en passant par le quartier populaire de São Gonçalo, le sentiment d’injustice était palpable.
Un symbole pour la jeunesse brésilienne
Pour comprendre l’ampleur de la déception, il faut revenir aux origines de ce garçon de 24 ans devenu un véritable phénomène. Né dans une famille modeste de São Gonçalo, en banlieue de Rio, Vinicius dos Santos Júnior a rapidement été considéré comme un diamant brut du football brésilien. Ses dribbles chaloupés, sa vitesse et sa vista ont vite fait parler de lui dans tout le pays.
Mais au-delà de ses prouesses techniques, “Vini” comme l’appellent affectueusement les Brésiliens, incarne surtout l’espoir d’une jeunesse en quête de repères. Dans les favelas et les quartiers populaires, son parcours est un exemple de réussite par le travail et la persévérance. Un symbole d’autant plus fort que le Brésil traverse une période difficile, entre crise économique et instabilité politique.
Pour nous, Vinicius est bien plus qu’un joueur de foot. C’est un modèle, une inspiration. Il montre qu’on peut réussir en venant d’en bas.
Marcelo, habitant de São Gonçalo
L’incompréhension face à la décision
Alors forcément, quand la “trahison” du Ballon d’Or est tombée, c’est tout un pays qui s’est senti floué. Sur les réseaux sociaux, les commentaires indignés ont afflué, beaucoup criant au scandale et à l’injustice. Pour eux, les performances de Vinicius cette saison, avec notamment un rôle clé dans la victoire du Real Madrid en Ligue des Champions, auraient dû le placer sans conteste sur la plus haute marche du podium.
Des voix se sont aussi élevées pour dénoncer un “vol” et un “manque de reconnaissance” envers le football sud-américain en général, et brésilien en particulier. Certains y voient le signe d’un désamour de l’Europe pour ce continent qui a pourtant enfanté certains des plus grands joueurs de l’histoire.
C’est une honte, un manque de respect pour le Brésil et pour l’Amérique du Sud. Vinicius méritait largement ce trophée. On a l’impression que l’Europe ne veut plus de nous.
Thiago, supporter de Flamengo
La fierté malgré tout
Mais au-delà de la colère et de l’amertume, c’est aussi un immense sentiment de fierté qui domine au Brésil. Fierté d’avoir vu l’un des siens briller sur les pelouses européennes et être considéré, à seulement 24 ans, comme l’un des tous meilleurs joueurs de la planète. Fierté aussi de la réaction de Vinicius lui-même, qui a affiché une grande dignité malgré la déception.
Dans une story publiée sur son compte Instagram, le prodige brésilien a tenu à remercier ses supporters et à les rassurer sur son état d’esprit : “Je ne lâcherai rien. C’est dans la difficulté qu’on reconnaît les vrais guerriers. Je reviendrai plus fort, vous pouvez compter sur moi”. Un message qui a trouvé un écho immédiat chez ses compatriotes, nombreux à lui renouveler leur soutien.
On est tous derrière toi Vini! Tu es jeune, tu as tout l’avenir devant toi. Continue comme ça, ne change rien. Tu es déjà notre idole!
Camila, supportrice de Vasco de Gama
Et maintenant?
Beaucoup voient en lui le nouveau visage de la Seleção, celui qui doit ramener la Coupe du Monde au pays après 24 ans de disette. Avec un groupe rajeuni et talentueux, porté par des cadres comme Neymar, Marquinhos ou Casemiro, le Brésil rêve à nouveau de gloire planétaire. Et Vinicius incarne parfaitement cet espoir.
Son âge, son potentiel et sa marge de progression font saliver plus d’un observateur. S’il confirme sa progression, nul doute que le Ballon d’Or lui tendra les bras dans un avenir proche. De quoi permettre au Brésil de retrouver une place qui lui revient de droit : celle de première nation du football mondial. Et d’offrir à toute une jeunesse un nouvel horizon.
Car au-delà du foot, c’est d’un pays dont il est question. Un pays qui se cherche, qui doute mais qui veut croire en son avenir. Et quoi de mieux que le sport roi, ce lien social par excellence, pour fédérer et faire rêver tout un peuple ? Avec Vinicius comme étendard, le Brésil a peut-être trouvé son nouveau héros. Celui qui lui fera oublier les déboires du présent pour mieux embrasser les promesses du futur.