Les réseaux sociaux s’enflamment à nouveau autour d’une influenceuse franco-algérienne, au cœur d’une polémique judiciaire pour des vidéos aux relents de haine. Sofia Benlemmane, suivie par plus de 300 000 personnes sur TikTok et Facebook, a été interpellée jeudi dernier dans le cadre d’une enquête sur des propos haineux tenus en ligne. Présentée samedi au parquet de Lyon, elle devra répondre de ses actes lors d’un procès prévu en mars 2025.
Des insultes à caractère discriminatoire
Lors d’un direct diffusé en septembre dernier, l’influenceuse s’en était prise violemment à une autre femme, l’invectivant en ces termes :
Nique ta mère toi et ta France. J’espère que tu seras tuée, j’espère qu’ils vont te tuer.
Des propos d’une rare virulence qui ont rapidement fait le tour de la toile, suscitant l’indignation des internautes. Mais cette affaire prend une dimension particulière dans le contexte actuel de tensions diplomatiques entre Paris et Alger.
Une enquête visant plusieurs influenceurs algériens
En effet, Sofia Benlemmane n’est pas la seule dans le viseur de la justice française. Depuis début janvier, cinq autres influenceurs algériens sont également visés par des procédures pour des propos haineux, visant souvent des opposants au gouvernement algérien. Une situation qui illustre les tensions croissantes entre les deux pays.
Le parquet de Lyon a précisé les chefs d’accusation retenus contre la jeune femme :
- Provocation à commettre un crime ou un délit
- Menaces de mort par image
- Injure publique en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre
- Injure publique en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion
Liberté d’expression vs. discours de haine
L’avocat de l’influenceuse, Me Frédéric Lalliard, conteste toute infraction pénale dans les propos qui sont reprochés à sa cliente. Selon lui, même s’ils « peuvent irriter ou choquer », ils relèveraient de la liberté d’expression. Un argument qui ne convainc pas grand monde au vu de la violence des propos tenus.
Cette affaire soulève une nouvelle fois le débat sur les limites de la liberté d’expression et la nécessité de réguler les discours de haine sur les réseaux sociaux. Des plateformes qui servent trop souvent de caisse de résonance à l’intolérance et aux idées extrémistes.
Un parcours sulfureux
Sofia Benlemmane n’en est pas à sa première polémique. Ancienne joueuse de football, elle avait déjà fait parler d’elle en 2001 lorsqu’elle avait été condamnée à sept mois de prison avec sursis et trois ans d’interdiction de stade pour avoir pénétré sur la pelouse du Stade de France avec un drapeau algérien lors d’un match France-Algérie.
Si elle s’est opposée fermement au pouvoir algérien il y a quelques années, son discours a depuis radicalement changé. Elle affiche désormais un soutien appuyé au gouvernement actuel, ce qui lui vaut de nombreuses inimitiés parmi les opposants.
Une procédure judiciaire sous haute surveillance
Compte tenu du caractère sensible de l’affaire et des tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie, le procès de Sofia Benlemmane sera scruté avec attention. D’autant que d’autres influenceurs risquent également des poursuites dans les semaines à venir.
La justice devra faire la part des choses entre liberté d’expression et discours de haine, dans un contexte politique et social particulièrement inflammable. Un exercice d’équilibriste qui s’annonce périlleux.
En attendant, cette affaire rappelle une fois de plus la responsabilité qui incombe aux influenceurs, dont les propos sont amplifiés par leur notoriété. Un statut qui implique de faire preuve de mesure et de ne pas attiser les tensions communautaires. Un impératif que Sofia Benlemmane semble avoir oublié.
