1,3%. C’est le taux d’inflation annuel enregistré par l’Insee en novembre 2024 en France. Un chiffre qui marque une quasi-stabilité par rapport aux 1,2% d’octobre et qui soulève de nombreuses interrogations sur la dynamique économique du pays. Décryptage de cette donnée cruciale pour comprendre où va l’économie française.
Un ralentissement de l’inflation qui intrigue les économistes
Depuis plusieurs mois, la hausse des prix semble marquer le pas en France. Après avoir atteint des niveaux préoccupants courant 2023, l’inflation s’est progressivement modérée pour se stabiliser autour de 1,3% en glissement annuel en novembre 2024 selon les dernières estimations de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).
Cette tendance interpelle les analystes qui s’interrogent sur les raisons profondes de ce ralentissement et ses conséquences pour l’économie tricolore. Plusieurs facteurs pourraient expliquer cette évolution :
- Un effet de base lié à la forte inflation de 2023 qui rend les comparaisons annuelles moins spectaculaires
- Un tassement de la consommation des ménages en raison de la baisse du pouvoir d’achat
- Des politiques monétaires plus restrictives qui pèsent sur la demande
Mais au-delà de ces explications conjoncturelles, certains économistes s’inquiètent d’un risque de déflation qui pourrait s’installer durablement, avec des conséquences néfastes pour la croissance et l’emploi. Un scénario que les autorités monétaires surveillent de près.
Quelle politique monétaire pour soutenir l’économie ?
Face à cette situation inédite, la Banque centrale européenne (BCE) est sur le qui-vive. Après avoir relevé ses taux directeurs pour juguler l’inflation, l’institution de Francfort pourrait être tentée d’assouplir sa politique pour relancer la machine économique. C’est en tout cas ce que laisse entendre son gouverneur François Villeroy de Galhau :
«Toutes les raisons sont réunies pour une réduction des taux d’intérêt lors de la prochaine réunion de la BCE le 12 décembre»
François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France
Un virage à 180 degrés qui ne fait cependant pas l’unanimité parmi les banquiers centraux européens. Certains craignent en effet qu’un soutien monétaire trop important ne relance l’inflation et ne déstabilise l’économie à moyen terme. Un débat crucial qui sera tranché dans les prochaines semaines.
L’inflation pèse sur le budget des Français
En attendant, c’est le pouvoir d’achat des ménages français qui trinque. Car même limitée, la hausse des prix érode le budget des familles, en particulier sur certains postes de dépense incompressibles comme l’alimentation ou l’énergie. Résultat, la consommation marque le pas, menaçant la reprise économique.
Ainsi, en octobre 2024, les dépenses de consommation des ménages ont reculé de 0,4% selon l’Insee. Un repli qui s’explique principalement par la baisse des achats de biens fabriqués (-1,3%) et d’énergie (-1,2%). Seuls les services tirent leur épingle du jeu, mais pour combien de temps encore ?
Vers une croissance molle en 2024 et au-delà ?
Au final, le spectre d’une croissance atone plane sur l’Hexagone. Avec une inflation contenue mais une consommation en berne, difficile en effet d’envisager un rebond vigoureux de l’activité dans les mois à venir. Les prévisions de croissance pour 2024 ont d’ailleurs été revues à la baisse par la plupart des organismes économiques.
Un constat qui pousse le gouvernement à réfléchir à de nouvelles mesures de soutien, ciblées sur les ménages les plus fragiles. Mais avec des finances publiques exsangues et une dette qui s’envole, la marge de manœuvre de l’exécutif semble limitée. L’équation économique française s’annonce délicate à résoudre dans les prochaines années.
Une chose est sûre : dans ce contexte mouvant, l’inflation restera plus que jamais au cœur des préoccupations, des décideurs comme des citoyens. Un indicateur à surveiller de près pour prendre le pouls de l’économie française.
