L’industrie manufacturière française traverse une période difficile, comme en témoigne la chute sans précédent de sa production en décembre. Selon l’indice PMI publié par S&P Global et la Hamburg Commercial Bank, l’activité du secteur a connu son plus fort repli depuis mai 2020. Quelles sont les causes de cette contraction et quelles en sont les conséquences pour l’économie française ?
Un indice PMI au plus bas
L’indice PMI manufacturier s’est établi à 49,2 points en décembre, contre 48,3 en novembre. Un chiffre inférieur à 50 signale une contraction de l’activité. Ce recul s’explique principalement par une baisse marquée du volume global des nouvelles commandes, notamment dans les secteurs de l’automobile et du bâtiment.
Conséquence directe, les stocks des fabricants ont diminué, tout comme les effectifs. Selon des sources proches du dossier, l’emploi manufacturier a reculé à un rythme nettement plus soutenu qu’en novembre. Certaines entreprises ont même dû réduire leurs prix de vente pour tenter de stimuler la demande.
Une demande atone sur les marchés internationaux
Au-delà des frontières, le constat est similaire. D’après les données recueillies, les ventes à l’export ont poursuivi leur repli en décembre, s’inscrivant dans une tendance baissière quasi-ininterrompue depuis près de trois ans. La faiblesse de la demande internationale pèse lourdement sur l’activité des industriels français.
La morosité de la demande sur les marchés internationaux reflète principalement un environnement défavorable.
– Analyse de S&P Global et HCOB
Un climat d’incertitude préjudiciable
Dans ce contexte morose, les perspectives à court terme des fabricants restent très limitées. D’après l’enquête, les entreprises manufacturières se montrent pessimistes quant à une hausse de leur activité dans les 12 prochains mois. Plusieurs facteurs alimentent leurs inquiétudes :
- Un climat d’incertitude politique
- Des craintes d’un recul prolongé de la demande
- La faiblesse des dépenses d’investissement des clients
Autant d’éléments qui incitent les industriels à la prudence, voire au fatalisme pour certains. « Les carnets de commandes se vident à vue d’œil, sans réelle perspective d’amélioration », confie un dirigeant sous couvert d’anonymat. « Nous naviguons à vue en espérant des jours meilleurs », ajoute-t-il.
Quelles conséquences pour l’économie française ?
La contraction de la production manufacturière n’est pas sans conséquence pour l’économie tricolore dans son ensemble. Premier point d’inquiétude, l’emploi. Avec des carnets de commandes qui se réduisent et des marges sous pression, les industriels pourraient être tentés de tailler dans leurs effectifs pour préserver leur rentabilité.
Autre sujet de préoccupation, l’investissement. Confrontés à une visibilité réduite, beaucoup d’entreprises manufacturières risquent de mettre leurs projets en pause, voire de les abandonner. Un coup d’arrêt potentiellement dommageable pour la compétitivité future de l’industrie française.
Enfin, les difficultés du secteur manufacturier, qui représente près de 10% du PIB national, pourraient avoir des répercussions sur la croissance. Si le ralentissement devait perdurer, c’est toute la dynamique de l’économie française qui pourrait s’en trouver affectée. Autant d’enjeux cruciaux qui appelleront une réponse des pouvoirs publics dans les mois à venir.