Selon des sources proches du dossier, l’Indonésie est en pleines négociations avec plusieurs pays, dont les Philippines, l’Australie et la France, en vue du transfert de prisonniers étrangers actuellement détenus sur son sol. Jakarta espère boucler ces tractations d’ici la fin du mois de décembre, a récemment déclaré le ministre indonésien des affaires juridiques et des droits humains, Yusril Ihza Mahendra.
Le cas emblématique de Mary Jane Veloso
Parmi les détenus concernés figure la Philippine Mary Jane Veloso, condamnée à la peine capitale en 2010 après avoir été arrêtée à l’aéroport avec une valise contenant 2,6 kilos d’héroïne. Son cas avait fait grand bruit à l’époque, d’autant plus qu’elle clame son innocence depuis le début, affirmant avoir été piégée par un trafiquant.
Un accord aurait été trouvé la semaine dernière entre Manille et Jakarta pour organiser son retour aux Philippines, comme l’a annoncé le président philippin Ferdinand Marcos Jr. Une information confirmée par les autorités indonésiennes, le président Prabowo Subianto ayant donné son feu vert pour le transfert de la prisonnière.
En 2015, Mary Jane Veloso avait échappé de justesse à l’exécution, obtenant un sursis de dernière minute après l’arrestation aux Philippines de la femme soupçonnée de l’avoir enrôlée, accusée de trafic d’êtres humains. Son sort est depuis en suspens.
Vers un rapatriement des « neuf de Bali » australiens?
L’Indonésie planche également sur le cas de cinq ressortissants australiens, membres d’un groupe surnommé « les neuf de Bali », arrêtés en 2005 et condamnés à de lourdes peines pour trafic de drogue. Leur transfert devrait être au menu des discussions prévues la semaine prochaine à Jakarta avec le ministre australien de l’Intérieur, Tony Burke, selon Yusril Ihza Mahendra.
Sur les neuf Australiens initialement condamnés pour avoir tenté d’importer plus de huit kilos d’héroïne de Bali vers l’Australie:
- Deux ont été exécutés
- Un est décédé en détention
- Un a vu sa peine réduite
- Cinq purgent encore de longues peines de prison
Négociations aussi avec la France
Enfin, Jakarta a reçu une requête du gouvernement français pour le retour d’un de ses ressortissants, a indiqué le ministre indonésien sans plus de précisions. Des discussions doivent s’engager prochainement avec l’ambassade de France sur les modalités de ce transfert potentiel.
« Nous transférons les prisonniers dans leur pays afin qu’ils puissent y purger leur peine, mais si les pays veulent accorder une amnistie, nous la respecterons. C’est leur droit »
a souligné Yusril Ihza Mahendra.
L’Indonésie applique l’une des législations anti-drogue les plus sévères au monde
Il faut rappeler que l’Indonésie est dotée d’une des législations anti-stupéfiants les plus strictes et répressives au monde. Le trafic de drogue y est passible de la peine de mort. Les dernières exécutions dans le pays remontent à 2016, quand quatre condamnés, un Indonésien et trois Nigérians, avaient été fusillés.
Ces négociations pour le transfert de détenus étrangers s’inscrivent dans un contexte de pressions internationales régulières sur l’Indonésie, appelée à faire preuve de plus de clémence. Si Jakarta semble prêt à lâcher du lest en permettant le rapatriement de certains prisonniers, il est peu probable que le pays revienne sur le fond de sa politique très dure en matière de lutte contre la drogue.
La question est maintenant de savoir quel sort sera réservé à ces détenus une fois de retour dans leur pays d’origine. Certains, comme Mary Jane Veloso, pourraient échapper in extremis à leur sentence. D’autres devront sans doute purger le reste de leur peine, peut-être aménagée. Une chose est sûre, ces transferts s’annoncent complexes sur les plans juridique et diplomatique. Les prochaines semaines seront décisives.