La Nouvelle-Calédonie traverse une période de turbulences sans précédent. L’arrestation ce mercredi de huit personnes, dont le leader du collectif indépendantiste “La Cellule de coordination des actions de terrain” (CCAT), a fait l’effet d’une bombe dans ce territoire français du Pacifique Sud déjà secoué par des semaines de violences. Ces interpellations marquent-elles un tournant dans la crise qui paralyse l’île ? Ou au contraire, risquent-elles d’attiser les braises d’un conflit qui couve depuis des décennies autour de la question de l’indépendance ?
Un leader influent derrière les barreaux
Parmi les personnes arrêtées figure Christian Tein, considéré comme le cerveau de la CCAT, mouvement à la pointe des revendications indépendantistes et des actions coup de poing qui ont embrasé l’île ces dernières semaines. Incendies criminels, barrages routiers, affrontements avec les forces de l’ordre… Les autorités accusent la CCAT d’être la main invisible derrière ces débordements qui ont fait 9 morts et des centaines de blessés. Le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin n’a pas hésité à qualifier le collectif “d’organisation mafieuse”.
Les forces de l’ordre sont entrées dans les bureaux et ont pris des photos, notamment de documents
– Reine Hue, élue de l’Union Calédonienne
Les locaux de l’Union Calédonienne, parti historique de la lutte pour l’indépendance, ont également été perquisitionnés. Le parti dénonce des “arrestations abusives” et appelle au calme. Mais dans les rues de Nouméa, la tension est palpable. Magasins fermés, rues bloquées, forces de l’ordre en alerte… La ville retient son souffle, comme si elle sentait venir la déferlante.
La Nouvelle-Calédonie à la croisée des chemins
C’est que l’avenir de la Nouvelle-Calédonie se joue en ce moment. Alors que l’île a rejeté par trois fois l’indépendance lors de référendums successifs, le dernier en date en décembre 2021, les indépendantistes refusent de perdre la bataille. Au cœur de leur colère : la réforme électorale qui a modifié la composition du corps électoral pour les élections provinciales, réservé aux habitants justifiant d’une durée de résidence minimale. Un changement vécu comme une injustice par les Kanaks, peuple premier de l’archipel.
Le spectre des années de braise
La situation actuelle rappelle les heures sombres des années 80, quand Kanaks et Caldoches s’affrontaient dans une quasi guerre civile. Des souvenirs que personne ne veut voir ressurgir. Mais alors que le gouvernement à Paris joue l’apaisement, annonçant la suspension de la réforme électorale controversée, certains craignent que le mal soit fait. Et que les velléités d’indépendance, attisées par le sentiment d’être floués, ne se radicalisent davantage.
La Nouvelle-Calédonie se trouve à un tournant de son histoire. Les événements des prochains jours seront cruciaux pour déterminer si l’île parviendra à briser le cercle infernal des violences et des rancœurs pour écrire une nouvelle page. Ou si au contraire, elle s’enfoncera dans la spirale d’une crise qui risque de laisser des blessures profondes et durables.
