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L’Inde rêve des Jeux Olympiques 2036 malgré les doutes

L'Inde rêve d'Olympics. Le pays le plus peuplé au monde veut les Jeux de 2036 pour s'affirmer en grande puissance. Mais sa candidature...

L’Inde nourrit de grandes ambitions olympiques. Le géant d’Asie du Sud rêve en effet d’accueillir les Jeux Olympiques de 2036 pour asseoir son statut de grande puissance mondiale. Mais cette candidature soulève de nombreuses interrogations quant à la pertinence d’un tel projet pour un pays dont la culture sportive reste limitée en dehors du sacro-saint cricket.

L’Inde déterminée à décrocher les JO 2036

Le Premier ministre indien Narendra Modi a confirmé l’an passé la ferme intention de son pays, le plus peuplé au monde, de se porter candidat pour l’organisation des Jeux Olympiques de 2036. Une annonce sans surprise de la part du dirigeant ultranationaliste hindou qui ne cesse, depuis son arrivée au pouvoir en 2014, d’œuvrer pour imposer l’Inde parmi les Grands de ce monde. Notamment face à sa rivale chinoise qui a déjà accueilli les JO à deux reprises.

Dans sa lettre d’intention au Comité International Olympique (CIO), le comité olympique indien a mis en avant deux arguments clés : l’importance croissante de l’Inde sur la scène internationale et son statut de seule grande économie à n’avoir encore jamais organisé les Jeux. Des JO en Inde consacreraient en quelque sorte la place du pays dans le concert des nations.

Un nain sportif aux grandes ambitions

Si l’Inde est désormais à la table des puissances mondiales, elle reste cependant un nain sur le plan sportif. Hormis au cricket, héritage de l’époque coloniale britannique mais confidentiel à l’échelle mondiale, les athlètes indiens brillent peu au plus haut niveau. Le pays ne compte qu’un seul champion olympique en titre, le lanceur de javelot Neeraj Chopra, sacré à Tokyo en 2021. Aux derniers JO de Paris en 2024, Chopra a dû se contenter de l’argent et l’Inde est repartie sans la moindre médaille d’or.

L’organisation des Jeux Olympiques est souvent l’occasion d’un formidable coup d’accélérateur au développement du sport dans le pays hôte. Mais beaucoup doutent que cela puisse être le cas en Inde. «L’argent inondera l’élite des athlètes et les médaillables de 2036, mais ça s’arrêtera sûrement là», anticipe ainsi un responsable d’un centre d’entraînement privé.

Ahmedabad, ville candidate… et ses zones d’ombre

Si le choix de la ville indienne candidate n’est pas encore officiel, il ne fait guère de doute qu’Ahmedabad, la capitale de l’État du Gujarat dont est originaire Narendra Modi, sera sélectionnée. La cité dispose notamment d’un stade géant de 130 000 places ayant accueilli des matchs de la dernière Coupe du monde de cricket.

Ahmedabad abrite aussi le siège du conglomérat d’un proche du Premier ministre, le milliardaire Gautam Adani. Principal sponsor de l’équipe olympique indienne l’an dernier à Paris, ce magnat du secteur de l’énergie vient cependant d’être inculpé aux États-Unis dans une vaste affaire de corruption. Un dossier embarrassant pour la candidature indienne.

Des infrastructures pharaoniques… pour quel héritage ?

L’État du Gujarat a d’ores et déjà créé une société, dotée de plus de 675 millions d’euros, chargée de développer les infrastructures sportives nécessaires aux Jeux Olympiques. Mais des voix s’élèvent déjà pour mettre en garde contre le risque de construire des enceintes pharaoniques qui pourraient s’avérer ruineuses et sans grand effet sur la pratique du sport.

Serait-il viable de construire des grands stades juste pour recevoir les Jeux ? La réponse est catégoriquement non.

Une journaliste sportive chevronnée

D’après cette experte, le faible niveau de l’Inde dans le sport n’est pas dû à un manque d’infrastructures mais plutôt à des problèmes de gouvernance des fédérations et à la rareté des compétitions. Des maux que la construction de stades géants ne saurait résoudre.

Le spectre des ratés des Jeux du Commonwealth

L’Inde garde aussi en mémoire la difficile expérience de l’organisation des Jeux du Commonwealth en 2010 à New Delhi. L’événement avait été entaché de nombreux retards dans la livraison des infrastructures, de soupçons de mauvaise gestion voire de corruption. Quinze ans plus tard, plusieurs enceintes sportives construites pour l’occasion sont à l’abandon ou en piteux état.

Le comité olympique indien est par ailleurs miné par des luttes de pouvoir internes qui font d’ores et déjà peser des « défis » sur la candidature selon sa présidente. L’Inde devra aussi « effacer sa pauvre réputation en matière de ponctualité et de propreté » comme l’a souligné un éditorial d’un grand quotidien national.

JO 2036 : une opportunité unique malgré tout ?

Ces doutes et ces obstacles n’entament cependant en rien l’enthousiasme des plus fervents partisans d’une candidature olympique indienne. Pour eux, décrocher les Jeux serait une occasion unique de doper la promotion du sport dans le pays.

Il faut voir les Olympiades comme un mariage (…) Le travail accompli avant et tout ce qui est fait ensuite solidifie la relation.

Un avocat spécialisé dans le sport

L’Inde a donc de nombreux défis à relever pour convaincre le mouvement olympique qu’elle a les épaules assez solides pour accueillir le plus grand événement sportif au monde. La route vers les Jeux de 2036 s’annonce encore longue et semée d’embûches pour les ambitions olympiques XXL de New Delhi.

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