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L’Inde Appelle à Maintenir le Cadre Climatique Actuel à la CIJ

L'Inde exhorte la CIJ à ne pas créer de nouvelles obligations climatiques, jugeant le cadre onusien adéquat. Une position qui suscite l'ire des petits États vulnérables espérant des directives renforcées. La patience de l'Inde a ses limites alors que le géant asiatique s'efforce de réduire ses émissions polluantes tout en...

Alors que la Cour internationale de justice (CIJ) planche actuellement sur l’élaboration de nouvelles directives mondiales pour lutter contre le réchauffement climatique, l’Inde a fait entendre sa voix jeudi dernier. Devant la haute juridiction, le pays a fermement plaidé pour le maintien du cadre existant, estimant que les conventions actuelles de l’ONU étaient amplement suffisantes pour faire face à l’urgence climatique.

Cette prise de position sans ambages a provoqué l’ire des petits États vulnérables, qui espéraient voir la CIJ aller plus loin dans ses recommandations. Mais pour New Delhi, hors de question de s’engager dans de nouvelles obligations contraignantes. « La Cour devrait éviter de créer des obligations nouvelles ou supplémentaires au-delà de celles déjà existantes », a martelé le représentant indien Luther Rangreji devant les juges.

Un « équilibre délicat » à préserver selon l’Inde

Pour justifier cette position, l’Inde argue que la convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) « reflète un équilibre délicat entre des intérêts différents et bénéficie d’une adhésion presque universelle ». Un équilibre qu’il serait périlleux de remettre en cause selon New Delhi.

Luther Rangreji a également tenu à rappeler les efforts consentis par son pays, qui cherche à réduire ses émissions polluantes tout en s’attaquant à la pauvreté endémique qui touche une large part de sa population. « L’Inde mène des actions climatiques ambitieuses basées sur ses propres ressources nationales, malgré le fait que nos partenaires des pays développés n’aient pas rempli leurs obligations de fournir un financement climatique et des technologies à faible émission de carbone », a-t-il déploré.

La « patience » de l’Inde mise à rude épreuve

Un message clair envoyé aux pays industrialisés : la bonne volonté de l’Inde en matière de lutte contre le réchauffement n’est pas infinie. « Naturellement, il y a une limite à la charge que nous imposons à nos citoyens, même lorsque l’Inde vise des objectifs de développement durable pour un sixième de l’humanité », a averti le diplomate.

Le géant d’Asie du Sud s’est engagé à atteindre la neutralité carbone d’ici 2070, soit deux décennies après la plupart des pays occidentaux. Un délai que New Delhi juge nécessaire pour mener à bien sa transition énergétique sans sacrifier son développement économique et social.

Une procédure aux enjeux majeurs

L’Inde fait partie de la centaine de pays et organisations qui doivent présenter leurs points de vue sur le changement climatique devant la CIJ, qui siège à La Haye. L’ONU a en effet demandé à la Cour un « avis consultatif » sur les obligations des États en matière de lutte contre le réchauffement et sur les conséquences juridiques pour ceux qui causent des dommages au climat.

Un exercice aux enjeux considérables, même si l’avis rendu in fine par la CIJ n’aura pas de caractère contraignant. Nombreux sont ceux qui espèrent néanmoins que les travaux de la Cour permettront de renforcer le cadre juridique international et d’accroître la pression sur les plus gros pollueurs de la planète.

États-Unis et Chine sur la même ligne que l’Inde

Mais l’Inde n’est pas la seule puissance à vouloir limiter la portée de l’avis de la CIJ. Les États-Unis, deuxième plus gros émetteur mondial de gaz à effet de serre, ont eux aussi exhorté mercredi la Cour à s’en tenir au droit international existant. Tout comme la Chine, premier pollueur de la planète, qui a défendu la même position mardi.

Face à ce front commun des géants émergents et de la superpuissance américaine, les petits États insulaires en première ligne du réchauffement apparaissent bien isolés. Reste à savoir si leurs arguments seront entendus par les juges de La Haye, qui mettront probablement des mois voire des années avant de rendre leur avis tant attendu sur ce dossier brûlant.

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