Imaginez un homme, ingénieur de formation, qui du jour au lendemain bascule dans une spirale meurtrière. C’est l’histoire glaçante de Gabriel Fortin, 49 ans, surnommé le “tueur de DRH”. Son procès en appel, qui se tient actuellement à Grenoble, lève le voile sur les ressorts de sa folie vengeresse.
Une équipée sanglante longuement préméditée
En janvier 2021, Gabriel Fortin, armé d’un pistolet, s’est lancé dans une cavale meurtrière à travers la France. Avec une froide détermination, il a successivement abattu une DRH et une employée de Pôle Emploi, avant de grièvement blesser une troisième personne. Un quatrième individu n’a dû son salut qu’à un heureux hasard.
L’enquête a révélé que trois des victimes avaient un point commun : elles avaient été impliquées, à différents niveaux, dans les licenciements successifs de Gabriel Fortin. Un motif qui semble avoir déclenché chez lui un désir de vengeance inouï, mûri pendant de longs mois.
Un accusé mutique et provocateur
Depuis l’ouverture de son procès en appel le 13 mai, Gabriel Fortin adopte une attitude pour le moins déroutante. Refusant obstinément de comparaître, il laisse un box vide face à ses juges et aux parties civiles. Une posture de défi qui en dit long sur son absence de remords.
Son silence n’est que la revendication de ses assassinats.
Me Laurence Buisson, avocate d’une des victimes
Le chômage vécu comme une injustice
Au fil des audiences, le portrait d’un homme rongé par la rancoeur se dessine. Ingénieur discret, féru de tir sportif, Gabriel Fortin vivait le chômage comme une profonde injustice. Son déclassement social semble avoir nourri chez lui une paranoïa meurtrière.
Les milliers de pages retrouvées à son domicile attestent d’une personnalité obsessionnelle, nourrissant une haine tenace envers tous ceux qu’il rendait responsables de sa situation. Des notes dans lesquelles il aurait consigné les noms de nombreuses autres cibles potentielles.
Une “dangerosité incurable” ?
Si une nouvelle expertise psychiatrique évoque un “trouble de la personnalité paranoïaque”, les avocats des victimes insistent sur la pleine responsabilité de l’accusé. Refusant tout suivi médical, Gabriel Fortin apparaît à leurs yeux comme un individu à la dangerosité incurable.
La société doit se protéger. Nous demandons de mettre ce personnage à l’écart de manière définitive et irrévocable.
Me Laurence Buisson
En première instance, le “tueur de DRH” avait écopé de la peine maximale : la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 22 ans. Les parties civiles attendent un verdict similaire, seul à même selon elles de prendre la pleine mesure d’un crime froidement calculé. Réponse attendue mardi ou mercredi.