C’est une histoire poignante de solidarité et d’amour pour la nature qui nous vient d’Algérie. Dans la région d’Oum El Bouaghi, à l’est du pays, des bénévoles se sont mobilisés pour sauver pas moins de 300 poussins de flamants roses d’une mort certaine. Un sauvetage émouvant qui témoigne de la beauté de l’entraide face aux défis environnementaux.
Le lac Tinsilt, un sanctuaire asséché
Chaque année, des milliers de flamants roses migrateurs trouvent refuge dans le majestueux lac Tinsilt pour y nicher et donner naissance à leurs petits. Mais cette année, la sécheresse a frappé de plein fouet cet écosystème fragile. En l’espace d’un mois, l’étendue d’eau de plus de 20 km² s’est transformée en un désert de terre craquelée, menaçant la survie des poussins tout juste éclos.
L’exode des flamants adultes
Face à l’assèchement soudain de leur habitat, les flamants roses adultes n’ont eu d’autre choix que de prendre leur envol, laissant derrière eux des œufs non éclos et des poussins trop jeunes pour les suivre. Beaucoup de ces petits êtres fragiles ont péri, victimes de la faim, de la soif, mais aussi du braconnage et des attaques de loups. Un destin funeste qui semblait scellé.
Des bénévoles en action
C’était sans compter sur la détermination d’un groupe de bénévoles algériens, mené par le photographe amateur Tarek Kawajlia. Témoin impuissant de la tragédie qui se jouait sous ses yeux, ce passionné de la faune locale a décidé de lancer une opération de sauvetage inédite.
Avec l’aide de villageois solidaires, les bénévoles ont transporté pas moins de 283 poussins rescapés vers un autre point d’eau, le lac Mahidiya, situé à une cinquantaine de kilomètres de là. Une véritable course contre la montre pour offrir une seconde chance à ces jeunes oiseaux.
Nous effectuons des patrouilles matin et soir pour suivre les poussins jusqu’à ce qu’ils se rétablissent et soient capables de voler, afin qu’ils puissent revenir l’année prochaine.
Tarek Kawajila, photographe et initiateur du sauvetage
Un écosystème en sursis
Si l’histoire de ce sauvetage extraordinaire réchauffe les cœurs, elle met aussi en lumière la fragilité des zones humides algériennes face aux changements climatiques. Le lac Tinsilt fait partie des 50 sites “Ramsar” d’importance internationale que compte le pays. Pourtant, comme tant d’autres, il est menacé par la sécheresse et la pollution.
L’an dernier déjà, le lac Télamine à Oran avait vu mourir une centaine de flamants roses, victimes des rejets d’eaux usées. Un constat alarmant qui appelle à une prise de conscience collective pour préserver ces écosystèmes uniques, essentiels à la survie de nombreuses espèces.
L’espoir d’un retour
Grâce à l’abnégation de ces bénévoles, les poussins sauvés pourront grandir et prendre leur envol. Avec un peu de chance, guidés par leur instinct, ils retrouveront le chemin du lac Tinsilt l’année prochaine, perpétuant ainsi le cycle de la vie.
Cette histoire est un rappel poignant de l’impact de chacun de nos gestes pour protéger la biodiversité. Elle nous invite à réfléchir sur notre responsabilité envers ces écosystèmes fragiles et les créatures qui en dépendent. Car en sauvant ces 300 poussins, c’est un peu de notre humanité que ces héros du quotidien ont préservé.