C’est une projection qui a fait grand bruit à l’Assemblée nationale. Ce mercredi, le député insoumis Aymeric Caron a diffusé un film choc consacré aux « atrocités » commises à Gaza, suscitant de vives réactions parmi les élus. Dans une ambiance électrique, cette initiative a relancé le débat sur le conflit israélo-palestinien au sein même de l’hémicycle. Retour sur une soirée sous haute tension.
Un film pour « montrer l’indicible »
Baptisé « Gaza depuis le 7 octobre », le documentaire compilé par Aymeric Caron aggrege sept mois d’images de la guerre dans la bande de Gaza. Le député insoumis a voulu, à travers cette projection, pointer du doigt le silence complice de certains élus face à la situation dans les territoires palestiniens.
« Certains sont timides dans leur dénonciation, voire soutiennent Israël », accuse Aymeric Caron.
Selon le député, ces vidéos brutes, récupérées via de multiples sources (journalistes palestiniens, médias internationaux, habitants de Gaza…), visent à « montrer l’indicible » et à rétablir un certain équilibre après la diffusion le 14 novembre d’un film des autorités israéliennes sur les exactions du Hamas. Un procédé qui avait déjà suscité l’émoi à l’époque.
Des images crues sèment le trouble
De l’aveu même d’Aymeric Caron, les images diffusées, souvent violentes, n’ont pas été censurées. Le film, d’une durée d’1h30, retrace chronologiquement les sept mois de guerre, de la mort tragique de civils aux destructions massives d’infrastructures, en passant par les bombardements incessants de Tsahal.
« Notre subjectivité doit s’exprimer de manière minimale », justifie l’ancien journaliste.
Mais cette crudité assumée, loin de faire l’unanimité, a profondément divisé les députés présents. Si certains, comme le président du groupe d’études France-Palestine, y ont vu un nécessaire “rééquilibrage”, d’autres ont dénoncé une “concurrence victimaire” malsaine et un parti pris anti-israélien.
Gaza : l’impossible débat à l’Assemblée ?
Au-delà des querelles partisanes, cette projection met en lumière la difficulté à aborder sereinement la question palestinienne dans l’enceinte du Palais Bourbon. Le conflit est si passionnel qu’il semble impossible d’en discuter sans s’attirer les foudres d’un camp ou de l’autre.
« Je suis favorable à la diffusion du film, mais je ne suis pas sûre de vouloir voir les images violentes », confie ainsi une députée pourtant acquise à la cause palestinienne.
Un malaise qui en dit long sur l’omerta qui règne autour de ce dossier brûlant. Pourtant, à l’heure où le bilan humain ne cesse de s’alourdir des deux côtés, il y a urgence à briser les tabous et à poser les bases d’un vrai débat démocratique. C’est tout le sens de la démarche initiée, non sans risque, par Aymeric Caron.
Pour un sursaut de la communauté internationale
Au-delà des murs de l’Assemblée, cette projection doit aussi servir de piqûre de rappel à une communauté internationale bien trop silencieuse face au drame qui se joue à Gaza. Le blocus imposé par Israël depuis 15 ans, les destructions à répétition, l’étranglement économique : la bande de Gaza et ses 2 millions d’habitants souffrent d’une crise humanitaire sans précédent.
- 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté
- 97% de l’eau y est impropre à la consommation
- Le chômage atteint les 50%
Face à l’urgence de la situation, le film d’Aymeric Caron se veut un cri d’alarme. Le député appelle à une réaction rapide et à la hauteur des enjeux, à commencer par la levée du blocus et l’organisation d’une conférence internationale sur la reconstruction de Gaza. Des actes forts pour réaffirmer l’attachement de la France au droit international et aux droits humains.
Vers une solution politique globale
Mais surtout, au-delà de l’urgence humanitaire, il est plus que temps de s’attaquer aux racines politiques du conflit. Seules des négociations de fond, basées sur le droit international et la solution à deux États, permettront de construire une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens.
Un chemin semé d’embûches, mais sur lequel les élus français ont un rôle crucial à jouer. En osant bousculer les lignes et les consciences, Aymeric Caron a réussi son pari. Reste à transformer l’essai pour enfin sortir de l’engrenage infernal de la violence. L’avenir de la région en dépend.