Culture

L’Incroyable Odyssée d’un Tableau “Dégénéré” sous le Nazisme

Il était une fois un tableau maudit. Qualifié de "dégénéré" par les nazis, spolié, traqué. Son crime ? Représenter deux femmes nues dans une forêt. Luz nous plonge dans une époque sombre où beauté et liberté étaient bannies. Une BD poignante à découvrir absolument...

Imaginez. Vous êtes un tableau. Une œuvre d’art née en 1919 du pinceau d’Otto Mueller, peintre allemand talentueux. Sur votre toile s’animent Deux filles nues, libres et gracieuses dans une forêt ensoleillée. Le bonheur semble éternel. Mais voilà qu’un jour, tout bascule. Un régime totalitaire, cruel et obtus, s’empare de votre pays. Et vous, pauvre tableau, devenez leur cible. Leur ennemi. Un symbole de la “dégénérescence” qu’ils exècrent et veulent éradiquer. Votre odyssée de survie commence…

C’est cette histoire vraie, tour à tour tragique et porteuse d’espoir, que nous conte Luz dans sa nouvelle bande dessinée intitulée justement Deux filles nues. Un récit puissant qui nous plonge au cœur des heures les plus sombres du XXe siècle, celles de la montée du nazisme et de sa folie destructrice.

Une œuvre jugée “dégénérée”

Dès leur arrivée au pouvoir en 1933, les nazis engagent une guerre contre l’art moderne qu’ils jugent “dégénéré”. Otto Mueller et son tableau Deux filles nues n’échappent pas à cette vindicte. L’artiste, mort en 1930, ne peut plus défendre son œuvre. Cette dernière est saisie, retirée des musées, promise à la destruction.

Les nazis voyaient l’art comme un outil de propagande. Tout ce qui ne correspondait pas à leur vision était considéré comme subversif, malsain, “dégénéré”.

Extrait de “Deux filles nues”

La spoliation des œuvres d’art

Non contents de censurer les artistes, les nazis s’emparent aussi des collections privées, notamment celles des familles juives. Deux filles nues est ainsi arraché à son propriétaire, Ismar Littmann, grand collectionneur spolié et persécuté. L’œuvre entame un périple chaotique, passant entre les mains de marchands peu scrupuleux qui profitent du malheur des victimes du régime.

Entre 1933 et 1945, on estime que les nazis ont pillé plus de 650 000 œuvres d’art en Europe.

Françoise Cachin, directrice des Musées de France

“Deux filles nues”, miraculé de l’Histoire

Pourtant, malgré les menaces et la barbarie, des hommes et des femmes vont se dresser pour sauver ce qu’ils peuvent de ce désastre. Grâce à leur courage, Deux filles nues réussira à échapper aux flammes. Il sera caché, exfiltré, mis à l’abri. Un sauvetage au péril de leur vie que Luz met en scène avec un talent rare, nous faisant vibrer à chaque page.

La bande dessinée comme devoir de mémoire

Mais au-delà du récit captivant, Deux filles nues est aussi une formidable leçon d’Histoire. En retraçant le destin de ce tableau, Luz nous éclaire sur une facette méconnue de la folie nazie : sa haine de l’art et de la culture. Il rend hommage aux victimes de ces spoliations et à ceux qui ont tenté de s’y opposer. Un impressionnant travail de mémoire et de pédagogie.

Avec “Deux filles nues”, j’ai voulu rendre justice à tous ces artistes muselés, à ces œuvres menacées, mais aussi à ceux qui ont risqué leur vie pour les sauver. C’est une part de notre patrimoine, de notre humanité, qu’ils ont préservée.

Luz

Alors ne passez pas à côté de ce chef-d’œuvre de la bande dessinée historique. Plongez à votre tour dans l’odyssée tragique et édifiante de Deux filles nues. Une œuvre qui, comme son héroïne de papier, a réussi à défier l’oppression et l’oubli pour parvenir jusqu’à nous. Et nous rappeler que l’art, la beauté et la liberté sont des trésors fragiles qu’il nous faut chérir et défendre. Aujourd’hui comme hier.

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