Il y a des destins qui forcent le respect et l’admiration. C’est certainement le cas de celui d’Henri Mosson, un homme qui, à bientôt 101 ans, a traversé les pires épreuves du XXe siècle avec un courage et une résilience hors du commun. Rescapé du camp de concentration du Struthof en Alsace, victime d’un terrible accident de voiture en 1992, Henri Mosson a toujours réussi à s’en sortir, défiant les pronostics les plus sombres.
Un résistant condamné à mort à 19 ans
L’histoire d’Henri Mosson bascule en 1943, alors qu’il n’a que 19 ans. Engagé dans la Résistance avec des amis, il est arrêté et condamné à mort le 29 juin de cette année-là. Transféré au camp de concentration du Struthof, le seul camp nazi sur le territoire français, il reçoit à son arrivée cette sinistre prédiction du commandant du camp:
Vous êtes des voyous. Vous êtes entrés ici par la grande porte et vous ressortirez par la cheminée
Affecté à la désinfection des vêtements grâce à sa connaissance de l’allemand, Henri Mosson échappe à une mort quasi-certaine, contrairement à beaucoup d’autres détenus qui ne survivaient en moyenne que 90 jours. Les conditions de détention sont effroyables, les prisonniers doivent chaque jour ramasser les cadavres de leurs camarades, devenus insensibles à force d’horreurs.
La résistance comme raison de survivre
Malgré la cruauté de ses geôliers, qui n’hésitent pas à le pendre par les mains pendant des journées entières, Henri Mosson garde espoir et trouve dans la résistance une raison de tenir. Transféré au fort de Romainville, il échappe de justesse aux exécutions d’otages par les nazis. Son credo : “Passer la journée. Résister”. Évacué du Struthof fin août 1944, il est envoyé au camp de Munich-Allach avant d’être finalement libéré.
Un retour à la vie difficile
De retour en France, la vie ne reprend pas tout de suite son cours normal pour Henri Mosson. Amaigri, pesant à peine 38 kilos, il met du temps à se reconstruire dans une société qui peine à comprendre ce qu’il a vécu. Mais c’est un battant. Il se passionne pour le sport mécanique, rencontre les plus grands champions comme Alain Prost et Ayrton Senna. La vie lui sourit à nouveau, jusqu’à ce terrible accident de voiture en 1992, dont il réchappe une nouvelle fois malgré de multiples fractures.
Un infatigable passeur de mémoire
Toute sa vie, Henri Mosson s’est fait un devoir de transmettre son histoire et celle de ses compagnons d’infortune. Père, grand-père et arrière-grand-père, il a aussi témoigné dans près de 200 écoles en France et même en Allemagne. Son message est clair: il faut informer les jeunes générations, car l’horreur peut se reproduire à tout moment, comme le montre tragiquement l’actualité en Ukraine.
Bientôt un siècle de vie et de résilience
Le 5 janvier prochain, Henri Mosson fêtera ses 101 ans, un cap qu’il est certain de passer, lui qui a toujours eu “de la chance” comme il le dit avec malice. Son parcours exceptionnel force le respect et montre que l’homme est capable de survivre aux pires atrocités pour peu qu’il s’accroche à la vie et garde espoir. Un message d’espérance et de résilience dont notre époque troublée a plus que jamais besoin.