C’est une triste nouvelle qui risque de secouer le monde du spectacle parisien. Chez Michou, le légendaire cabaret de Montmartre connu pour ses spectacles de transformistes hauts en couleur, pourrait bien ne pas rouvrir ses portes en septembre prochain. Après 68 ans d’activité sans interruption, une page mythique de la nuit parisienne est peut-être sur le point de se tourner.
Un avenir en pointillé pour une institution de Montmartre
Selon Catherine Catty-Jacquart, nièce de Michou le fondateur décédé en 2020 et actuelle dirigeante de l’établissement, la situation est préoccupante. Les réservations sont au plus bas pour les prochaines semaines, et ce malgré la tenue prochaine des Jeux Olympiques à Paris qui auraient dû booster l’affluence. La pandémie de Covid, les grèves à répétition, les difficultés de stationnement pour les autocars sont autant de facteurs qui plombent l’activité du cabaret.
Le cabaret est en difficulté. On vit au jour le jour. Je ne sais pas si on pourra rouvrir en septembre.
– Catherine Catty-Jacquart, dirigeante de Chez Michou
L’établissement, qui n’a habituellement pour seule période de fermeture que le mois d’août, a cette fois avancé sa trêve estivale au 1er juillet. Un dernier dîner-spectacle aura peut-être lieu ce dimanche 30 juin, avant une décision qui sera prise par le tribunal de commerce le 16 juillet prochain quant à la poursuite ou non de l’activité. L’incertitude est totale.
23 salariés et des décennies de strass et paillettes menacés
C’est un véritable pan du patrimoine culturel parisien qui vacille. Fondé en 1956 par Michou, de son vrai nom Michel Georges Alfred Catty, Chez Michou est le plus ancien et le plus petit cabaret de la capitale. Mais sa renommée n’a rien a envier aux grandes revues parisiennes. Chaque soir, les Michettes, surnom donné aux transformistes de l’établissement, font revivre sur scène les plus grandes icônes de la chanson française comme Dalida, Sylvie Vartan ou encore Johnny Hallyday.
Ce sont au total 23 salariés, artistes, personnel de salle, de cuisine et d’accueil qui sont aujourd’hui dans l’expectative. Malgré une certaine amertume, la dirigeante Catherine Catty-Jacquart se dit prête à se battre pour préserver ce lieu unique et son savoir-faire.
Le cabaret Michou est une grande famille. On ressent beaucoup d’amour de nos clients mais la situation est grave. Je me bats pour mes Michettes.
– Catherine Catty-Jacquart
Le transformisme a le vent en poupe, mais pas Chez Michou
Paradoxalement, le transformisme et les drag shows n’ont jamais eu autant la cote auprès du grand public, en particulier des jeunes générations. Des établissements comme Madame Arthur, également situé à Montmartre, surfent sur cette vague avec des concepts branchés et décalés qui attirent une clientèle rajeunie. Mais ce succès ne profite visiblement pas à Chez Michou, peut-être perçu comme un peu vieillissant avec ses hommages aux stars des années 60-70.
Pourtant, la magie de ce lieu reste intacte. Passer la porte bleue du 80 rue des Martyrs, c’est remonter le temps et vivre un moment suspendu, pailleté, un brin nostalgique. Un voyage dans ce que Paris fait de plus flamboyant et impertinent. Il serait dommage de voir disparaître ce joyau qui a contribué pendant des décennies au mythe de la nuit parisienne.
Le destin de Chez Michou se jouera donc dans les prochains jours. En attendant, les Michettes fourbissent leurs plus beaux atours pour ce qui sera peut-être leur dernière représentation avant longtemps. L’émotion risque d’être au rendez-vous ce dimanche soir à Montmartre.