En Russie, les autorités déploient des trésors d’ingéniosité pour transformer les vétérans de “l’opération militaire spéciale” en Ukraine en véritables “héros”. Derrière les honneurs et les récompenses se cache en réalité une vaste entreprise de propagande visant à glorifier la guerre voulue par Vladimir Poutine. Plongée dans les coulisses de cette improbable fabrique à héros.
Des privilèges en échange du sacrifice
Accès prioritaire dans les universités, embauche facilitée dans les entreprises, aides financières… Les autorités russes déploient un véritable arsenal de mesures pour récompenser les soldats de retour du front ukrainien. Un système bien rodé qui transforme ces hommes, souvent blessés physiquement et psychologiquement, en porte-étendards de la politique agressive du Kremlin.
On nous fait miroiter monts et merveilles, mais la réalité est tout autre. Beaucoup d’entre nous peinent à retrouver une vie normale.
– Andreï, vétéran de la guerre en Ukraine
Andreï, l’exemple type du “héros” made in Kremlin
Andreï Prokofiev incarne parfaitement ce que le pouvoir russe recherche. Ancien policier de 46 ans, il s’est porté volontaire pour aller combattre en Ukraine avant d’être grièvement blessé à l’oeil. De retour au pays, il a bénéficié d’un traitement médiatique privilégié, érigé en modèle de bravoure et de patriotisme. Une mise en scène savamment orchestrée.
Quand la propagande prend le pas sur la réalité
Si la communication officielle met en avant les success stories, la réalité est souvent bien différente pour les vétérans. Beaucoup peinent à se réinsérer, souffrant de graves séquelles physiques et psychologiques. Les aides promises tardent à se concrétiser, contrastant avec l’image idyllique véhiculée par les médias aux ordres.
- Un soutien psychologique quasi-inexistant
- Des démarches administratives kafkaïennes
- Des entreprises réticentes à embaucher des vétérans
Une fabrique de héros au service de Poutine
En glorifiant ainsi les soldats de “l’opération spéciale”, le Kremlin cherche avant tout à justifier son intervention militaire en Ukraine et à entretenir le mythe d’une “Grande Russie” triomphante. Une propagande qui masque mal les difficultés croissantes sur le terrain et la gronde grandissante d’une partie de la population. La fabrique à “héros” tourne à plein régime, mais pour combien de temps encore ?