Un vent nouveau semble souffler sur l’Europe politique. Depuis son arrivée au pouvoir en Italie, Giorgia Meloni ne cache pas son ambition de fédérer les droites du continent pour faire barrage aux socialistes aux prochaines élections européennes. Un pari audacieux, mais qui ressemble davantage à un mirage qu’à un véritable projet construit.
Meloni, chef d’orchestre des droites identitaires
En proclamant vouloir faire à Bruxelles ce qu’elle a réussi en Italie, à savoir unir des partis compatibles malgré leurs nuances, pour envoyer la gauche dans l’opposition, Giorgia Meloni endosse le costume de chef d’orchestre des droites européennes. Son objectif : faire émerger une nouvelle majorité au Parlement européen en se passant des socialistes.
Au sein des Conservateurs et Réformistes européens (ECR), le groupe qu’elle co-préside, la leader de Fratelli d’Italia s’est rapidement imposée comme une figure incontournable. Mais elle est aussi devenue une interlocutrice de choix pour le Parti Populaire Européen (PPE), la grande famille de la droite traditionnelle.
Un leurre tactique plus qu’une réelle union
Cependant, derrière cette volonté affichée de rapprocher toutes les droites européennes, de nombreux observateurs y voient davantage un leurre tactique qu’un projet mûrement réfléchi. Car si Meloni partage avec ses alliés souverainistes un discours identitaire et anti-immigration, les divergences restent nombreuses, notamment sur les questions économiques et le rapport à l’UE.
Les partis de centre droit sont des alliés potentiels. Je veux essayer de faire en Europe ce que j’ai fait en Italie, quelque chose pas facile mais fascinant : allier des partis compatibles en termes de vision même s’il y a des nuances entre eux.
Giorgia Meloni, le 20 mai 2024
Comme le souligne le député RN Thibaut François, certains rêvent de voir se former « un binôme crucial pour l’équilibre européen » avec un grand groupe souverainiste de 130 à 150 élus. Mais vu d’Italie, cette perspective semble encore lointaine tant les intérêts nationaux et les sensibilités politiques diffèrent d’un pays à l’autre.
Une compatibilité limitée entre les droites
Si une alliance tactique pour peser dans l’hémicycle européen n’est pas à exclure, la constitution d’un bloc uni et cohérent des droites identitaires reste un vœu pieux. Car au-delà des postures et des déclarations d’intention, les nuances idéologiques demeurent importantes entre des partis aux histoires et aux projets bien distincts.
De Vox en Espagne à l’AfD allemande en passant par le Fidesz hongrois ou le RN français, difficile d’imaginer un front commun durable tant les priorités et les cultures politiques divergent. Giorgia Meloni en est bien consciente, elle qui n’a jamais vraiment cherché à réunir les droites européennes par le passé.
Son projet d’alliance semble donc davantage motivé par des considérations stratégiques de court terme, pour peser dans le rapport de force à Bruxelles, que par une réelle volonté d’union. Un pari risqué tant les droites radicales restent des solistes identitaires peu enclins aux compromis et à la discipline collective.