Le spectre d’un retour de Donald Trump à la Maison Blanche en 2024 fait frémir les défenseurs de l’environnement. Et pour cause : selon une récente étude du Climate Action Tracker (CAT), les reculs attendus sur les mesures climatiques de la part de l’ancien président américain pourraient se traduire par un réchauffement supplémentaire de notre planète de 0,04°C d’ici la fin du siècle. Un chiffre qui peut paraître dérisoire mais qui cache en réalité des conséquences potentiellement catastrophiques pour notre avenir.
Trump, fossoyeur de l’accord de Paris ?
Rappelons que Donald Trump avait retiré les États-Unis de l’accord de Paris sur le climat en 2020, rompant avec les efforts internationaux pour limiter le réchauffement à 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle. Son successeur démocrate Joe Biden s’était empressé de réintégrer cet accord historique dès son arrivée au pouvoir. Mais le retour annoncé de Trump fait craindre un nouveau coup de canif dans les ambitions climatiques américaines et mondiales.
En effet, le milliardaire climatosceptique a d’ores et déjà promis de revenir sur les mesures pro-climat de l’administration Biden s’il retrouvait le Bureau Ovale. Exit donc les investissements massifs dans les énergies renouvelables, les normes plus strictes sur les émissions polluantes ou encore l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050. Trump entend renouer avec sa politique agressive de soutien aux énergies fossiles, quitte à hypothéquer un peu plus l’avenir de la planète.
L’effet domino du ”Trumpisme climatique”
Mais le réchauffement additionnel de 0,04°C d’ici 2100 calculé par le CAT ne serait que la partie émergée de l’iceberg. Cette projection part en effet du principe que le recul des politiques vertes américaines resterait limité aux États-Unis, sans inciter d’autres pays à faire marche arrière. Un scénario optimiste tant l’influence de Washington reste prépondérante sur la scène internationale.
Les dégâts en termes d’émissions de gaz à effet de serre, confinés aux États-Unis et sur quatre à cinq ans, sont probablement récupérables. Mais l’impact pourrait être bien plus important si d’autres pays utilisent la baisse des ambitions américaines comme excuse pour ralentir leurs propres mesures en faveur du climat.
Bill Hare, patron de Climate Analytics
De fait, le ”Trumpisme climatique” pourrait faire des émules à travers le monde, en particulier chez les grands pays émergents réticents à freiner leur développement économique pour préserver l’environnement. La Chine, premier pollueur mondial, sera particulièrement scrutée. Pékin acceptera-t-il de poursuivre ses efforts si son rival américain décide de relâcher la pression ? Rien n’est moins sûr.
Sombre horizon pour le climat mondial
Dans son rapport, le CAT dresse un bilan pour le moins préoccupant des progrès – ou plutôt de l’absence de progrès – en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Selon ses projections basées sur les politiques actuelles, la hausse du thermomètre pourrait atteindre 2,7°C à la fin du siècle, comme en 2021 lors de la COP26 de Glasgow. Loin, très loin de l’objectif de 1,5°C de l’accord de Paris.
Certes, le pic des émissions de CO2 mondiales devrait être atteint d’ici 2030 selon l’étude. Mais à un niveau nettement plus élevé qu’anticipé il y a trois ans seulement. Preuve que la dynamique impulsée à Paris en 2015 s’essouffle dangereusement, faute d’actions suffisamment ambitieuses des États.
- Pour rester sous la barre des +1,5°C, les États-Unis devraient réduire leurs émissions de 65% d’ici 2030 et de 80% d’ici 2035 par rapport à 2005
- La Chine devrait quant à elle abaisser ses émissions de 66% d’ici 2030 et de 78% d’ici 2035, par rapport au niveau de 2023
Un défi titanesque qui apparaît hors d’atteinte au vu de la réticence des principaux pays émetteurs à accélérer leur transition écologique. L’élection de Donald Trump viendrait doucher un peu plus les maigres espoirs d’une action climatique mondiale à la hauteur des enjeux. Avec le risque de franchir des points de bascule irréversibles pour le système climatique et notre civilisation toute entière. Il est plus que temps de se réveiller.