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Limogeages au FBI : Les Agents Poursuivis pour Avoir Posé un Genou

Douze agents du FBI viennent d’être brutalement licenciés parce qu’ils ont posé un genou à terre en juin 2020 pour éviter une émeute. Leur directeur, Kash Patel, parle de « manque d’impartialité ». Mais était-ce vraiment un geste politique… ou une simple décision tactique pour sauver des vies ? Ce que révèle cette affaire sur la nouvelle ère Trump est glaçant.

Imaginez la scène : Washington, 4 juin 2020, la nuit tombe sur Lafayette Square. La foule est électrique, les slogans fusent, la mort de George Floyd résonne encore dans toutes les têtes. Au milieu de cette tension extrême, plusieurs agents du FBI, en mission de maintien de l’ordre, décident de poser un genou à terre. Pas pour manifester, disent-ils, mais pour désamorcer un risque d’explosion violente. Cinq ans plus tard, ce geste leur coûte leur carrière.

Une plainte qui secoue le FBI

Mardi dernier, douze agents – neuf femmes et trois hommes dont les identités restent protégées – ont déposé une plainte fédérale explosive. Ils accusent le directeur actuel du FBI, Kash Patel, de les avoir licenciés de manière expéditive et purement politique.

Tous ont reçu, en septembre dernier, la même lettre datée de septembre : leur renvoi immédiat pour « comportement non professionnel et manque d’objectivité » dans l’exercice de leurs fonctions. Le motif invoqué ? Avoir posé un genou à terre lors des manifestations de 2020.

Un geste tactique validé à l’époque

Dans leur plainte, les agents racontent la réalité du terrain ce soir-là. Confrontés à une foule en partie hostile, dans un contexte de tension maximale, ils estiment que s’agenouiller était la seule solution raisonnable pour éviter un affrontement physique.

« Cette décision tactique a permis d’éviter une confrontation violente et a été approuvée après coup par notre hiérarchie de l’époque »

Ils ajoutent que personne, à l’époque, n’y avait vu un problème. Ni leurs supérieurs directs, ni l’inspection interne. Le geste avait même été salué en interne comme une réussite de désescalade.

Kash Patel, l’homme des purges ?

Kash Patel, nommé directeur du FBI par Donald Trump dès son retour à la Maison Blanche, fait l’objet de nombreuses critiques. Ses détracteurs l’accusent d’orchestrer une véritable purge au sein de la police fédérale pour écarter tout agent jugé insuffisamment loyal.

Ce n’est pas la première fois qu’il est visé. En septembre déjà, trois hauts responsables, dont Brian Driscoll (directeur par intérim avant l’arrivée de Patel), avaient porté plainte. Ils affirmaient avoir été sanctionnés pour avoir refusé de « politiser » le FBI et s’être opposés au licenciement d’agents simplement perçus comme pas assez alignés sur les priorités de la nouvelle administration.

Un autre cas, révélé en novembre, concernait un employé renvoyé parce qu’il avait un petit drapeau LGBT+ sur son bureau. Le motif officiel ? « Affichage politique dans l’espace de travail ».

Réécrire l’histoire cinq ans après

Les douze plaignants parlent d’une volonté claire de « réécrire l’histoire » pour coller à la narrative actuelle de l’administration Trump. Ce qui était considéré comme une bonne pratique de désescalade en 2020 devient, en 2025, une faute professionnelle grave.

Ils soulignent l’absurdité de la situation : des agents formés à protéger les citoyens américains se retrouvent punis pour avoir justement évité des violences qui auraient pu tourner au bain de sang.

Chronologie d’une sanction retardée

  • 25 mai 2020 – Mort de George Floyd à Minneapolis
  • 4 juin 2020 – Les agents posent un genou à terre à Washington
  • Juin 2020 – Hiérarchie valide le geste comme « tactique réussie »
  • Janvier 2025 – Kash Patel prend la direction du FBI
  • Septembre 2025 – Lettres de licenciement envoyées
  • Décembre 2025 – Plainte déposée devant un tribunal fédéral

Un symbole devenu arme politique

Poser un genou à terre est devenu, depuis Colin Kaepernick en 2016, un geste chargé politiquement. Ce que les agents présentent comme une simple technique de désescalade est vu, par une partie de la base trumpiste, comme un soutien au mouvement Black Lives Matter.

Cette lecture binaire ignore totalement le contexte opérationnel. Pourtant, elle semble suffire aujourd’hui à justifier un licenciement sans appel.

Vers une judiciarisation massive ?

Cette affaire n’est probablement que la première d’une longue série. D’autres agents, mis à la porte pour des raisons similaires, envisagent également des recours. Certains parlent déjà d’une « chasse aux sorcières » interne.

Les plaignants demandent aujourd’hui leur réintégration immédiate, le versement de leurs salaires perdus et des dommages et intérêts pour préjudice moral. Ils veulent surtout que la justice reconnaisse l’arbitraire de ces sanctions.

Car au-delà de leur cas personnel, c’est l’indépendance du FBI qui est en jeu. Une police fédérale perçue comme un outil au service d’un clan politique perdrait toute crédibilité, tant aux États-Unis qu’à l’international.

Ce que cela dit de l’Amérique de 2025

Cette affaire cristallise parfaitement les fractures américaines actuelles. Un geste de 2020, jugé alors comme humain et professionnel, devient en 2025 une faute impardonnable.

On assiste à une relecture rétrospective de l’histoire à travers le prisme des guerres culturelles. Ce qui était nuance hier devient trahison aujourd’hui. Et ceux qui étaient sur le terrain, au milieu du chaos, paient le prix fort.

Derrière les douze agents anonymes, c’est toute une génération d’enquêteurs qui se sent menacée. Beaucoup se demandent désormais si leur carrière entière peut être balayée sur un geste jugé, des années plus tard, politiquement incorrect.

L’affaire est loin d’être terminée. Les prochains mois diront si la justice fédérale validera cette purge… ou si elle remettra les pendules à l’heure. En attendant, le malaise est profond au sein du FBI. Et il dépasse largement les murs du J. Edgar Hoover Building.

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