En 2023, l’immigration atteint des niveaux sans précédent dans les pays de l’OCDE. Selon le dernier rapport de l’organisation, pas moins de 6,5 millions de nouveaux immigrés permanents ont été enregistrés, soit une hausse de 10% par rapport à 2022, année déjà record. Si ces flux importants suscitent des inquiétudes, ils s’accompagnent aussi d’une intégration professionnelle inédite des populations immigrées.
Une immigration en forte hausse dans de nombreux pays
Environ un tiers des pays de l’OCDE ont vu leur immigration grimper à des niveaux jamais atteints. Les États-Unis demeurent la première destination avec 1,2 million de nouveaux résidents permanents légaux, un record depuis 2006. Le Royaume-Uni (747 000), le Canada (472 000), la France (298 000) ou encore le Japon et la Suisse enregistrent également des chiffres historiques.
Cette augmentation s’explique principalement par une migration familiale en hausse de 16%, représentant désormais 43% des entrées. L’immigration humanitaire progresse aussi de 20%. En revanche, les migrations de travail restent stables.
Une insertion professionnelle au plus haut
Paradoxalement, l’intégration des immigrés sur le marché du travail n’a jamais été aussi forte. Dans l’OCDE, leur taux d’emploi global culmine à 71,8%, avec des pics à 82,3% en Nouvelle-Zélande et 76,3% au Royaume-Uni. Même constat dans l’Union européenne. Parallèlement, le chômage de ces populations recule à 7,3%, se rapprochant des natifs.
Dans de nombreux pays de l’OCDE confrontés à des pénuries de main-d’œuvre généralisées et à des changements démographiques imminents, l’augmentation du nombre de travailleurs migrants a contribué à une croissance économique soutenue.
Stefano Scarpetta, directeur de l’emploi et du travail à l’OCDE
L’entrepreneuriat immigré progresse aussi fortement. En 2022, 17% des travailleurs indépendants étaient des migrants dans l’OCDE, contre 11% en 2006.
Un défi d’équilibre pour les pays d’accueil
Ces flux massifs n’ont pas manqué de susciter des inquiétudes, avec une forte pression sur les infrastructures d’accueil. Face à cela, certains pays ont durci leur législation sur l’asile et restreint des voies d’immigration légale.
Mais dans le même temps, les pénuries de compétences et le vieillissement démographique maintiennent un besoin crucial de main-d’œuvre étrangère. Un équilibre délicat doit donc être trouvé entre maîtrise des flux et attractivité, pour rester des destinations compétitives.
Améliorer l’accessibilité et la disponibilité des voies de migration professionnelle contribue non seulement à remédier aux pénuries de main-d’œuvre, mais est également essentiel pour renforcer le contrôle global des flux et gérer les migrations irrégulières.
Stefano Scarpetta, directeur de l’emploi de l’OCDE
L’immigration de 2023 bat donc des records à plus d’un titre. Si elle pose de nombreux défis aux pays d’accueil, elle offre aussi des opportunités économiques et professionnelles majeures, dans un contexte de forte tension sur le marché du travail. Un phénomène complexe à appréhender, qui continuera de façonner nos sociétés dans les années à venir.