C’est une scène de désolation qui s’est déroulée ce mercredi 15 janvier 2025 sur l’île française d’Amsterdam, un petit bout de terre perdu au cœur de l’océan Indien. Un incendie d’une rare violence s’est déclaré aux abords des bâtiments scientifiques de la base Martin-de-Viviès, unique présence humaine sur cette île classée réserve naturelle.
Face à l’ampleur du sinistre et au risque imminent pour leur sécurité, les 31 « hivernants » présents sur l’île ont dû être évacués en urgence. C’est le navire de pêche L’Austral, autorisé à naviguer dans cette zone maritime protégée, qui a pu procéder à cette délicate opération de sauvetage.
Une situation critique
Les prévisions météorologiques pour les prochains jours ne sont guère rassurantes. Un nouveau renforcement du vent est attendu, tandis que les précipitations devraient rester limitées. Une accalmie n’est espérée que pour dimanche après-midi, laissant craindre que les flammes ne continuent de se propager à grande vitesse.
Selon une source proche du dossier, le Marion Dufresne, mythique navire ravitailleur affrété par l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), serait en route pour prêter main forte. Ce bâtiment assure habituellement les fameuses « missions australes » permettant de relier les différents districts des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF).
Un écosystème fragilisé
L’île Amsterdam n’est pas à son premier incendie. En 2021 déjà, un important feu de brousse avait ravagé une partie de sa végétation si particulière. Résultat de son isolement géographique extrême, cette île volcanique abrite en effet une flore et une faune uniques au monde, dont certaines espèces endémiques particulièrement menacées.
Avec sa voisine l’île Saint-Paul, elle fait partie de la plus grande réserve naturelle de France. Un statut censé préserver ce sanctuaire de biodiversité des activités humaines, mais qui semble bien fragile face à la force des éléments. Les dégâts causés par ce nouvel incendie risquent d’être considérables pour cet écosystème déjà fragilisé.
Une base scientifique menacée
Seule installation humaine de l’île, la base Martin-de-Viviès revêt une importance stratégique pour la France. Opérationnelle depuis 1949, elle permet aux scientifiques d’étudier dans des conditions optimales le climat, la géologie et la biodiversité si particulière de cette partie reculée du globe.
Les bâtiments de la base, dont certains venaient d’être rénovés, seraient directement menacés par l’incendie selon nos informations. Un coup dur pour la recherche française, déjà confrontée à d’importantes restrictions budgétaires ces dernières années.
C’est un véritable crève-cœur de voir partir en fumée le travail de toute une vie. Nous avons dû laisser sur place du matériel scientifique rare et précieux, sans savoir si nous pourrons le récupérer un jour.
Un chercheur évacué de la base
Une enquête ouverte
Si les fortes chaleurs et la sécheresse qui sévissent actuellement dans la région pourraient être à l’origine du départ de feu, la piste d’un incendie d’origine humaine n’est pour le moment pas écartée. Une enquête a d’ores et déjà été ouverte par le parquet de Saint-Denis de la Réunion, dont dépend administrativement l’île Amsterdam.
En attendant d’en savoir plus sur les circonstances exactes du drame, la priorité des autorités reste de mettre en sécurité le personnel évacué, et d’évaluer l’ampleur des dégâts. Une tâche qui s’annonce complexe étant donné l’isolement géographique du site et les conditions météorologiques difficiles.
Cet incendie dramatique vient rappeler la fragilité des écosystèmes insulaires face au réchauffement climatique et aux activités humaines. Un terrible avertissement, alors que se profile la COP32 sur le climat, dont les enjeux n’ont jamais été aussi cruciaux pour l’avenir de notre planète.
