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Libyens Espèrent une Meilleure Expérience Post-Assad pour la Syrie

Alors que la Syrie tourne la page Assad, les Libyens espèrent une meilleure transition pour leurs frères syriens, forts de leur propre expérience post-Kadhafi. Mais les défis s'annoncent immenses pour éviter les écueils d'une Libye encore instable, 10 ans après sa révolution...

Alors que les Syriens savourent la chute tant attendue du régime Assad après un demi-siècle de tyrannie, les Libyens observent la situation avec un mélange d’espoir et d’appréhension. Eux-mêmes ont vécu il y a 10 ans l’euphorie de la fin du règne de Mouammar Kadhafi, avant de devoir affronter la dure réalité d’une transition chaotique. Aujourd’hui, beaucoup en Libye souhaitent à leurs frères syriens de mieux réussir leur reconstruction post-dictature.

Un déjà-vu libyen en Syrie

L’effondrement soudain du pouvoir de Bachar al-Assad, au terme d’une offensive éclair de 11 jours menée par les rebelles, n’est pas sans rappeler la chute de Kadhafi en 2011. Comme les Libyens à l’époque, les Syriens ont déferlé dans les rues pour célébrer la « victoire de la Révolution » et la fin d’un règne oppressif. Une liesse que certains Libyens revivent avec nostalgie.

Au début, il y avait de l’espoir et le peuple était satisfait, apaisé et heureux

Sami Essid, activiste libyen de 55 ans

Mais très vite, la Libye a sombré dans les divisions et le chaos. Malgré des élections encourageantes en 2012 et 2013, le pays s’est retrouvé avec deux gouvernements rivaux, des milices incontrôlables, des ingérences étrangères et même une percée de groupes jihadistes comme l’État islamique. Un scénario que les Libyens ne souhaitent pas voir se répéter en Syrie.

Le risque des divisions confessionnelles

Si les révolutions syrienne et libyenne partagent cet élan populaire contre la tyrannie, beaucoup soulignent aussi les différences de contexte. La mosaïque confessionnelle de la Syrie, bien plus complexe, pourrait attiser les luttes de pouvoir communautaires dans l’après-Assad.

Le danger en Syrie c’est qu’il y a différentes confessions, ce qui peut mener à des luttes de pouvoir et des clivages communautaires.

Sami Essid, activiste libyen

Une crainte partagée par de nombreux observateurs, alors que la Syrie aborde une période de transition incertaine. Le pays devra surmonter le lourd héritage de décennies de dictature qui ont méthodiquement détruit les institutions, sans parler de la dévastation causée par une décennie de guerre civile.

Tirer les leçons de l’expérience libyenne

Pour réussir cette délicate transition, beaucoup en Libye espèrent que les Syriens sauront tirer les leçons de leur propre expérience post-révolutionnaire. Il s’agira notamment d’éviter le piège des milices incontrôlées, des luttes de pouvoir et des ingérences étrangères qui ont tant contribué à déstabiliser la Libye.

J’espère que les Syriens n’en arriveront pas là et leur souhaite une expérience meilleure que la nôtre.

Al-Mahdiya Rajab, enseignante libyenne de 47 ans

La clé, estiment de nombreux Libyens, sera que les nouveaux dirigeants syriens soient pleinement conscients des immenses défis qui les attendent et à la hauteur de cette responsabilité historique. Il leur faudra rassembler un pays profondément meurtri et divisé, reconstruire des institutions crédibles, relancer une économie exsangue, le tout sous le regard attentif de puissances régionales et internationales aux intérêts divergents.

L’espoir d’un nouveau départ

Malgré ces immenses défis, l’espoir d’un nouveau départ démocratique en Syrie reste intact chez de nombreux Libyens. Eux-mêmes continuent de croire en leur révolution, même si le chemin est semé d’embûches.

Beaucoup regrettent la stabilité sous Kadhafi. Mais ils oublient les plus de quatre décennies de tyrannie durant lesquelles toutes les institutions ont été méthodiquement sabotées.

Al-Mahdiya Rajab, enseignante libyenne

C’est ce message d’espoir et de persévérance que beaucoup de Libyens souhaitent transmettre aujourd’hui à leurs frères syriens. Celui d’un chemin difficile mais nécessaire vers la liberté et la dignité. Avec cette conviction qu’en tirant les leçons du passé, en restant unis et déterminés, un avenir meilleur est possible, pour la Syrie comme pour la Libye. La route sera longue, mais l’espoir né des « Printemps arabes » reste plus que jamais vivace.

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