Le Salvadorien Ernesto Cruz Leon, condamné pour une série d’attentats perpétrés à La Havane en 1997, vient de retrouver la liberté après avoir purgé une peine de 30 ans de prison à Cuba. Une libération qui ravive les tensions entre le régime cubain et les États-Unis, accusés d’abriter les cerveaux présumés de ces attaques.
Retour sur les attentats de 1997
En 1997, six attentats à la bombe avaient visé des sites touristiques de la capitale cubaine, faisant un mort, un touriste italien, et plusieurs blessés. Arrêté le 4 septembre de la même année, Ernesto Cruz Leon, alors âgé de 27 ans, avait avoué être l’auteur de ces attaques. Condamné à mort en 1999, sa peine avait finalement été commuée en 30 ans de réclusion par la justice cubaine.
Un autre ressortissant salvadorien, Otto René Rodriguez Llerena, accusé lui aussi d’avoir commis des attentats, avait également vu sa condamnation à mort commuée en peine de prison. Il avait reconnu avoir fait exploser une bombe dans le luxueux hôtel Melia-Cohiba de La Havane en août 1997.
Cuba pointe du doigt les exilés de Floride
Pour les autorités cubaines, les procès des deux Salvadoriens ont été l’occasion de mettre en cause les exilés anti-castristes radicaux installés en Floride. Le président Fidel Castro en personne avait accusé le gouvernement américain d’être responsable « par action, par omission ou par incitation » de ces attentats.
Alors que Cuba applique son système judiciaire avec impartialité et dans le respect des droits humains, les États-Unis ont permis aux cerveaux et aux financiers de ces attaques terroristes de vivre libres et impunis à Miami.
Cubadebate, portail d’information cubain
Le quotidien en ligne évoque notamment le cas de Luis Posada Carriles, anti-castriste notoire ayant travaillé pour la CIA, accusé par La Havane d’avoir fait exploser un avion de ligne cubain en 1976 et d’être le commanditaire de la vague d’attentats de 1997. Réfugié aux États-Unis, il n’y a jamais été jugé pour ces faits et est mort en 2018 à l’âge de 90 ans.
La justice cubaine démontre son « humanité »
Pour le portail Cubadebate, la libération d’Ernesto Cruz Leon après 30 ans de détention prouve que Cuba, malgré la gravité des actes commis, sait faire preuve de « cohérence et d’humanité » dans l’application de son droit. Une manière de souligner le contraste avec le traitement réservé selon lui par la justice américaine aux exilés cubains impliqués dans des actions violentes contre le régime castriste.
Cette affaire illustre une nouvelle fois les profondes divergences entre Washington et La Havane sur la question du terrorisme. Alors que les États-Unis maintiennent Cuba sur leur liste noire des « États soutenant le terrorisme », les autorités cubaines ne cessent de dénoncer le « terrorisme d’État » pratiqué selon elles par leur puissant voisin et son soutien aux groupes anti-castristes les plus radicaux.
Une page qui se tourne, des questions qui demeurent
Avec la libération d’Ernesto Cruz Leon, c’est un nouveau chapitre de ce bras de fer diplomatico-judiciaire qui se clôt, plus de deux décennies après les faits. Mais pour les familles des victimes comme pour les observateurs, de nombreuses zones d’ombre persistent sur le déroulement exact et les commanditaires de ces attentats meurtriers.
Le régime cubain n’a eu de cesse de réclamer que toute la lumière soit faite sur le rôle joué par les exilés de Miami et leurs soutiens au sein du gouvernement américain. De leur côté, les opposants dénoncent la mainmise de l’appareil sécuritaire castriste sur la justice de l’île et le caractère politique de ces procès. Autant de questions qui resteront sans doute sans réponses définitives…