Dans un geste diplomatique rare, la Chine et les États-Unis ont procédé ces derniers jours à un échange de prisonniers. Chaque pays a libéré trois ressortissants de l’autre, détenus pour des motifs considérés comme injustifiés. Une opération délicate, menée dans la plus grande discrétion, qui illustre toute la complexité des relations sino-américaines.
Un échange de prisonniers négocié en coulisses
C’est Pékin qui a annoncé en premier le retour en Chine de trois de ses ressortissants, « emprisonnés à tort » aux États-Unis. Une annonce qui faisait suite à une déclaration similaire, la veille, de responsables américains sous couvert d’anonymat. Selon ces derniers, Washington avait négocié la libération des trois derniers prisonniers américains classés comme « injustement » détenus en Chine par le département d’État.
D’après une source proche du dossier, la libération de Mark Swidan, Kai Li et John Leung, les trois Américains concernés, a été obtenue en échange de celle de trois ressortissants chinois détenus aux USA. Leurs identités sont restées secrètes. Une approche discrète, à l’opposé des récents échanges de prisonniers très médiatisés entre les États-Unis et la Russie.
Des accusations d' »emprisonnement à tort » de part et d’autre
Du côté chinois, on se félicite du retour de ces trois citoyens « détenus à tort » par les Américains. Le ministère des Affaires étrangères évoque « les efforts incessants du gouvernement chinois » pour les rapatrier, tout en dénonçant « la répression et la persécution de ses citoyens par les États-Unis à des fins politiques ». Pékin promet de continuer à « prendre les mesures nécessaires pour défendre les droits et les intérêts de ses ressortissants ».
Washington, de son côté, se réjouit de la libération de ses trois ressortissants, considérés comme injustement emprisonnés. Mark Swidan était détenu depuis 2012 en Chine, accusé de trafic de drogue. Kai Li, homme d’affaires sino-américain, avait été arrêté en 2016 pour espionnage. Quant à John Leung, un septuagénaire résidant à Hong Kong, il avait été condamné en 2021, également pour espionnage.
Des relations bilatérales toujours tendues
Cet échange de prisonniers intervient dans un contexte de fortes tensions entre les deux superpuissances. Les sujets de discorde sont nombreux, du statut de Taïwan au traitement des Ouïghours en passant par la guerre commerciale et technologique. L’arrivée prochaine à la Maison Blanche de Donald Trump, qui a promis d’augmenter les droits de douane sur les importations chinoises, ne devrait pas arranger les choses.
Malgré ce geste d’apaisement ponctuel, la méfiance demeure de mise des deux côtés du Pacifique. Des familles et militants affirment qu’il reste encore des Américains détenus injustement dans les geôles chinoises. Et Pékin dénonce régulièrement ce qu’il considère comme une ingérence dans ses affaires intérieures.
Cet échange montre qu’un dialogue est possible sur certains dossiers, malgré le climat général de défiance. Mais il ne faut pas s’attendre à des miracles. Les relations sino-américaines resteront tendues.
– Un expert des relations internationales.
Ce rare moment de coopération ne doit donc pas masquer l’ampleur du fossé qui sépare les deux pays. De nombreux différends restent à régler, et la compétition stratégique entre les deux géants ne faiblit pas. L’échange de ces quelques prisonniers n’est qu’une petite éclaircie dans un ciel par ailleurs bien sombre.