C’est un nouveau souffle d’espoir qui semble traverser Cuba. Après l’annonce surprise mardi du retrait de l’île de la liste noire américaine des pays soutenant le terrorisme, le gouvernement cubain s’est engagé à libérer pas moins de 553 prisonniers. Parmi eux, de nombreux manifestants emprisonnés suite aux historiques protestations antigouvernementales de juillet 2021.
Ce jeudi matin, les remises en liberté se sont poursuivies. D’après une source proche du dossier, quatre détenus sont sortis d’une prison de la périphérie de La Havane. Tous avaient été condamnés pour leur participation aux manifestations de 2021. « Merci de m’avoir donné cette opportunité, encore une fois, dans la vie. C’est un nouveau départ », a déclaré, ému, l’un des prisonniers libérés, condamné à 18 ans de réclusion.
Un accord négocié avec l’aide de l’Église catholique
Cette vague de libérations fait suite à un accord négocié entre le gouvernement cubain et l’administration Biden, avec la médiation de l’Église catholique. Washington avait posé comme condition le retrait de Cuba de sa liste noire, sur laquelle l’île figurait depuis 1982. Une décision forte, qui pourrait marquer un tournant dans les relations diplomatiques tendues entre les deux pays.
Selon l’ONG Cubalex basée à Miami, une vingtaine de manifestants ont été libérés dès mercredi.
500 personnes condamnées pour les manifestations de juillet 2021
Les protestations des 11 et 12 juillet 2021 ont été les plus importantes sur l’île depuis la révolution castriste de 1959. D’après les chiffres officiels, quelque 500 personnes ont été condamnées à des peines allant jusqu’à 25 ans de prison pour y avoir participé. Si certains ont été libérés ces derniers mois après avoir purgé leur peine, beaucoup restaient encore derrière les barreaux.
La question des prisonniers politiques
Mais au-delà des manifestants, la situation des prisonniers politiques à Cuba soulève l’inquiétude des défenseurs des droits humains. Selon des ONG et l’ambassade américaine, il y aurait au total un millier de détenus pour des motifs politiques sur l’île. Un chiffre que le gouvernement cubain réfute, affirmant que ces opposants sont des « mercenaires » à la solde de Washington.
Si ces remises en liberté apparaissent comme un signal positif, le chemin vers une normalisation semble encore long. Les sanctions économiques américaines, qui asphyxient l’île depuis des décennies, sont toujours en place. Et la répression des voix dissidentes par le régime cubain reste une réalité, malgré quelques gestes d’ouverture.
Néanmoins, pour les familles des prisonniers libérés, c’est déjà une immense victoire. Après des mois ou des années d’angoisse, elles peuvent enfin serrer leurs proches dans leurs bras. Un nouveau chapitre s’ouvre pour ces détenus, avec l’espoir que ces remises en liberté ne soient que le début d’un processus plus large de réconciliation nationale et d’ouverture démocratique à Cuba.