Ce jeudi, le Pakistan a été le théâtre d’un rebondissement politique majeur avec la libération de Bushra Bibi, l’épouse de l’ancien Premier ministre Imran Khan. Après 9 mois passés derrière les barreaux, Mme Bibi a pu quitter la prison d’Adiala où elle était détenue aux côtés de son mari, toujours incarcéré.
Selon des sources proches du dossier, Bushra Bibi avait été arrêtée fin janvier dans le cadre d’une affaire de corruption impliquant également Imran Khan. Son incarcération était intervenue à l’approche d’élections législatives controversées, sur fond d’allégations de fraude et de répression accrue des partisans du Tehreek-e-Insaf (PTI), le parti d’opposition de M. Khan.
Une incarcération dénoncée comme une manœuvre politique
À sa sortie de prison, Mme Bibi a été accueillie par une équipe de responsables du PTI. Gohar Ali Khan, un dirigeant du parti, a fermement condamné l’incarcération de l’ancienne Première dame, y voyant une tentative des autorités de “faire pression sur Imran Khan”.
Bushra Bibi avait initialement été placée en détention dans le cadre d’une affaire de corruption, avant d’être maintenue en prison pour un procès mettant en cause la légalité de son mariage avec Imran Khan. Si elle a finalement obtenu une libération sous caution moyennant le versement d’un million de roupies (environ 3 350 euros), Mme Bibi reste poursuivie dans plusieurs affaires et devra comparaître libre devant la justice.
Imran Khan toujours sous les verrous
De son côté, l’ancien Premier ministre Imran Khan, qui a dirigé le Pakistan de 2018 à 2022, reste incarcéré. Il est visé par de multiples poursuites devant différents tribunaux, principalement pour des affaires de corruption ou en lien avec les manifestations violentes de ses partisans. Un de ces tribunaux a même fait état de pressions et d’intimidations exercées par les services de renseignement pakistanais.
En juillet dernier, un panel d’experts de l’ONU avait qualifié la détention de M. Khan d'”arbitraire” et réclamé sa “libération immédiate”. Malgré cela, l’ancien chef de gouvernement reste derrière les barreaux, alors que ses sympathisants continuent de se mobiliser régulièrement pour exiger sa remise en liberté.
L’opposition pakistanaise sous pression
La libération de Bushra Bibi intervient dans un contexte de répression accrue contre l’opposition pakistanaise. Récemment, dix députés du PTI ont été arrêtés et traduits devant un juge antiterroriste, quelques jours seulement après l’adoption d’une loi controversée encadrant les manifestations à Islamabad.
Pour de nombreux observateurs, l’incarcération du couple formé par Imran Khan et Bushra Bibi illustre la volonté du pouvoir en place de museler toute contestation. Reste à savoir si la libération de l’ancienne Première dame marquera un tournant dans cette crise politique ou si la pression continuera de s’accentuer sur l’opposition.
La libération de Bushra Bibi est une victoire pour la défense des droits et libertés au Pakistan. Mais tant qu’Imran Khan restera en prison et que la répression de l’opposition se poursuivra, le chemin vers une véritable démocratie sera encore long.
– Une source proche de l’opposition pakistanaise
Le feuilleton politique et judiciaire autour d’Imran Khan et de ses proches est loin d’être terminé. Alors que l’ex-Premier ministre reste la cible de multiples poursuites, l’avenir de l’opposition pakistanaise s’écrit en pointillés, sous la menace constante de la répression et des intimidations. Un bras de fer qui sera suivi de près par la communauté internationale, inquiète de la dégradation de l’état de droit au Pakistan.
