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Liban : Vers un Désarmement du Hezbollah ?

Le Liban face à un défi majeur : désarmer le Hezbollah. Entre pressions internationales et résistances locales, quel avenir pour la stabilité ? Lisez pour découvrir...

Dans un Liban marqué par des décennies de tensions, une question brûlante agite le pays : le désarmement du Hezbollah est-il possible ? Alors que le gouvernement s’apprête à examiner un plan ambitieux élaboré par l’armée, les regards se tournent vers Beyrouth, où les enjeux géopolitiques et les pressions internationales se mêlent à des dynamiques internes explosives. Ce projet, porté par des impératifs de paix mais aussi par des influences extérieures, pourrait redéfinir l’équilibre des forces dans la région. Mais à quel prix ?

Un Plan Militaire Sous Haute Tension

Le gouvernement libanais se réunit aujourd’hui au cœur de Beyrouth pour discuter d’une initiative militaire visant à démanteler l’arsenal du Hezbollah d’ici fin 2025. Cette démarche, ordonnée en août sous la pression des États-Unis, intervient dans un contexte où le Liban craint une escalade des frappes israéliennes. Présidée par le chef de l’État, cette réunion s’annonce tendue, notamment en raison de la présence des ministres chiites, représentants du Hezbollah et de son allié, le mouvement Amal.

Le plan, dont les détails restent confidentiels, repose sur une volonté affichée de renforcer le contrôle de l’État libanais sur son territoire. Mais il soulève une question cruciale : comment désarmer un mouvement qui, pendant des décennies, a joué un rôle central dans la politique et la sécurité du pays ?

Un Hezbollah Affaibli mais Résistant

Le Hezbollah, soutenu par l’Iran, traverse une période de fragilité sans précédent. Après un conflit de plus d’un an avec Israël, marqué par deux mois de guerre ouverte entre septembre et novembre 2024, le mouvement a subi des pertes considérables. Une partie de son arsenal a été détruite, et plusieurs de ses cadres dirigeants ont été éliminés. Pourtant, le Hezbollah reste une force incontournable, tant sur le plan militaire que politique.

Le Hezbollah pourrait envisager des options comme faire pression sur les ministres chiites pour qu’ils démissionnent ou organiser des manifestations massives.

David Wood, analyste à l’International Crisis Group

Cette résilience s’explique par l’histoire du mouvement. Depuis la fin de la guerre civile libanaise (1975-1990), le Hezbollah est la seule faction à avoir conservé ses armes, arguant qu’elles sont nécessaires pour défendre le Liban contre Israël. Cette position, ancrée dans son identité, rend le désarmement particulièrement complexe.

Un Cessez-le-Feu Fragile

Le plan de désarmement s’inscrit dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu signé le 27 novembre 2024 entre le Hezbollah et Israël, sous l’égide des États-Unis. Cet accord, basé sur une résolution de l’ONU, stipule que seules l’armée libanaise et les Casques bleus de l’ONU doivent être déployés dans le sud du Liban, à la frontière avec Israël. L’objectif est clair : exclure toute présence militaire, qu’il s’agisse du Hezbollah ou des forces israéliennes.

Pourtant, la réalité sur le terrain est bien différente. Malgré l’accord, Israël maintient des troupes dans des zones stratégiques du sud du Liban et continue de mener des frappes ciblées, principalement contre des positions du Hezbollah. Ces attaques, qui se sont intensifiées récemment, ont causé la mort d’au moins cinq personnes en deux jours, selon des sources officielles libanaises.

Le sud du Liban reste une poudrière, où chaque frappe israélienne ravive les tensions et complique les efforts de désarmement.

Les Obstacles Politiques et Sociaux

Le Hezbollah s’oppose fermement à ce plan, qu’il considère comme une concession aux pressions américaines et israéliennes. Son chef, Naïm Qassem, a qualifié la décision du gouvernement de « péché » dicté par des forces étrangères. Pour le mouvement, toute discussion sur le désarmement est conditionnée à plusieurs exigences : un retrait total des troupes israéliennes du sud du Liban, l’arrêt des frappes, la libération de prisonniers et le lancement d’un plan de reconstruction pour les zones dévastées par le conflit.

Sur le plan interne, le Hezbollah conserve un poids politique significatif. Sa capacité à mobiliser ses partisans pourrait transformer ce débat en une crise gouvernementale. Les ministres chiites, qui avaient boycotté une réunion en août, pourraient à nouveau quitter le gouvernement si le plan est approuvé, menaçant la stabilité politique déjà fragile du Liban.

Un Défi pour l’Armée Libanaise

L’armée libanaise, bien que respectée, fait face à un défi colossal. Désarmer le Hezbollah, une organisation mieux équipée et entraînée que l’armée elle-même dans certains domaines, est une tâche herculéenne. De plus, l’armée doit naviguer dans un paysage politique où les loyautés communautaires et les influences étrangères compliquent toute tentative de centralisation du pouvoir.

Pour mieux comprendre les enjeux, voici les principaux points du plan de désarmement, bien que son contenu exact reste flou :

  • Renforcement du déploiement de l’armée dans le sud du Liban.
  • Application stricte de la résolution de l’ONU sur le contrôle des armes.
  • Coordination avec les Casques bleus pour sécuriser la frontière.
  • Dialogue avec les factions politiques pour éviter une escalade.

Ces objectifs, bien qu’ambitieux, se heurtent à une réalité complexe. Le Hezbollah, bien que diminué, dispose encore d’un arsenal important et d’un soutien populaire dans certaines régions, notamment parmi la communauté chiite.

Les Enjeux Régionaux

Le désarmement du Hezbollah ne concerne pas seulement le Liban. Il s’inscrit dans un contexte géopolitique plus large, où l’Iran, principal soutien du Hezbollah, et Israël, son ennemi juré, jouent un rôle central. Pour Téhéran, le Hezbollah est un levier stratégique dans la région, capable de contrer l’influence israélienne. Pour Israël, neutraliser cet acteur est une priorité pour sécuriser sa frontière nord.

Les États-Unis, quant à eux, soutiennent fermement le désarmement, voyant dans cette initiative une opportunité de renforcer l’autorité de l’État libanais tout en affaiblissant l’axe iranien. Cependant, cette ingérence étrangère alimente les critiques du Hezbollah, qui accuse le gouvernement de céder à des pressions extérieures.

Acteurs Position
Hezbollah Opposé au désarmement, exige un retrait israélien.
Gouvernement libanais Soutient le désarmement pour renforcer l’État.
Israël Maintient des frappes pour affaiblir le Hezbollah.
États-Unis Pousse pour le désarmement et la stabilité.

Vers une Nouvelle Crise ?

Si le gouvernement approuve le plan, les conséquences pourraient être lourdes. Une démission des ministres chiites plongerait le Liban dans une nouvelle crise politique, tandis que des manifestations massives pourraient raviver les tensions communautaires. Dans un pays déjà fragilisé par une économie en ruines et des divisions profondes, un tel scénario serait désastreux.

Pourtant, certains observateurs estiment que le désarmement, s’il est mené avec prudence, pourrait renforcer la souveraineté de l’État libanais. Mais cela nécessiterait un consensus politique et un soutien international massif, notamment pour la reconstruction des zones touchées par le conflit.

Un Équilibre Précaire

Le Liban se trouve à la croisée des chemins. Entre les exigences de la communauté internationale, les résistances internes et les tensions régionales, le désarmement du Hezbollah représente un défi de taille. La réunion d’aujourd’hui pourrait marquer un tournant, mais elle pourrait aussi ouvrir la voie à une nouvelle période d’instabilité.

Quoi qu’il en soit, l’avenir du Liban dépendra de la capacité de ses dirigeants à naviguer dans ce champ de mines politique et géopolitique. Une chose est sûre : chaque décision prise aujourd’hui aura des répercussions bien au-delà des frontières du pays.

Le Liban peut-il enfin trouver la paix, ou est-il condamné à un cycle sans fin de conflits ?

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