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Liban : Urgence du Désarmement du Hezbollah

Le Hezbollah doit-il céder ses armes à l’État libanais ? Samir Geagea presse pour une action rapide, mais la formation chiite résiste. Quels enjeux pour le Liban ?

Dans un Liban encore marqué par les cicatrices d’une guerre récente avec Israël, une question brûlante divise le pays : que faire des armes du Hezbollah ? Samir Geagea, figure influente de la communauté chrétienne et chef des Forces Libanaises, a récemment lancé un appel vibrant, exigeant que le mouvement pro-iranien remette ses armes à l’État sans délai. Cette déclaration, prononcée lors d’un entretien exclusif, résonne comme un ultimatum dans un contexte où le Hezbollah, malgré sa perte d’influence militaire, conserve un poids politique et populaire considérable. Mais pourquoi cette urgence, et quelles sont les implications pour un pays déjà fragilisé ?

Le Hezbollah face à un tournant historique

Le Hezbollah, mouvement chiite créé dans les années 1980, s’est imposé comme une force incontournable au Liban, à la fois parti politique et milice armée. Contrairement aux autres factions libanaises, qui ont rendu leurs armes après la guerre civile (1975-1990), le Hezbollah a conservé son arsenal, justifiant son choix par la nécessité de résister à Israël. Cette singularité lui a permis de dominer la scène politique pendant des décennies, mais elle est aujourd’hui au cœur d’un débat national et international. Samir Geagea, depuis sa résidence de Maarab, n’a pas mâché ses mots : le temps des tergiversations est révolu.

« Il est inutile de perdre davantage de temps. Le Hezbollah n’a d’autre choix que de remettre ses armes à l’État libanais, car l’État en a pris la décision. »

Samir Geagea

Cet appel intervient après une guerre éclair entre le Hezbollah et Israël, de septembre à novembre 2024, qui a coûté la vie à plusieurs de ses hauts responsables, dont son chef emblématique, Hassan Nasrallah. Affaibli militairement, le mouvement fait face à une pression croissante, notamment de la part des États-Unis, pour céder son arsenal. Mais la formation chiite, soutenue par une large base populaire, refuse de plier.

Un bras de fer avec l’État libanais

Face à l’escalade des tensions et aux menaces de frappes israéliennes, le gouvernement libanais a ordonné à son armée de concevoir un plan pour désarmer le Hezbollah d’ici la fin de l’année 2024. Cette décision, perçue comme un tournant, vise à réaffirmer l’autorité de l’État dans un pays où le mouvement chiite agit souvent comme un État dans l’État. Pourtant, Naïm Qassem, successeur de Nasrallah, a fermement rejeté cette injonction, affirmant que le Hezbollah ne renoncera pas à ses armes.

Pour Geagea, cette attitude place le mouvement en dehors du cadre politique légitime. Il reproche au Hezbollah de défier l’autorité de l’État, un défi qui, selon lui, pourrait marginaliser davantage le mouvement. Mais le désarmement est-il réellement envisageable dans un contexte où le Hezbollah conserve une influence significative ?

Pourquoi le désarmement est un enjeu crucial :

  • Monopole de la force : L’État libanais cherche à rétablir son autorité exclusive sur l’usage des armes.
  • Pression internationale : Les États-Unis et d’autres acteurs exigent un Hezbollah désarmé pour stabiliser la région.
  • Stabilité interne : Les tensions intercommunautaires pourraient s’aggraver si le statu quo persiste.

Les leçons d’un conflit récent

La guerre de 2024 a marqué un tournant pour le Hezbollah. En ouvrant un front au sud du Liban pour soutenir le Hamas palestinien, le mouvement a tenté de détourner l’attention d’Israël de Gaza. Mais ce choix s’est avéré coûteux. Les frappes israéliennes ont décimé ses cadres, et l’issue du conflit a révélé les limites de sa stratégie. Geagea, dans son analyse, ne cache pas son incompréhension face à cette décision.

« Honnêtement, je n’ai pas compris cette guerre de soutien, dont l’issue était évidente. »

Samir Geagea

Le parallèle avec le Hamas est frappant. Alors que des pourparlers indirects, entamés en Égypte sous l’égide des États-Unis, visent à désarmer le mouvement palestinien et à le tenir à l’écart de la gouvernance de Gaza, Geagea y voit une leçon pour le Hezbollah. Selon lui, persister dans une logique militaire pourrait conduire à une marginalisation politique définitive.

L’ombre de l’Iran dans la crise

Un obstacle majeur au désarmement réside dans l’influence de l’Iran, principal soutien du Hezbollah. Geagea déplore que les décisions du mouvement soient dictées par Téhéran, ce qui limite sa capacité à s’intégrer pleinement dans le jeu politique libanais. Cette dépendance soulève une question cruciale : le Hezbollah peut-il redevenir un acteur politique légitime sans couper les ponts avec son parrain iranien ?

Pour beaucoup d’observateurs, l’influence iranienne complique la situation. Alors que le cessez-le-feu du 27 novembre 2024 est censé apaiser les tensions, Israël continue de mener des frappes ciblées au Liban, accusant le Hezbollah de chercher à se réarmer. Cette instabilité persistante renforce l’urgence d’une solution négociée.

Un Liban à la croisée des chemins

Le Liban, déjà fragilisé par des crises économique, sociale et politique, se trouve à un tournant. Le désarmement du Hezbollah pourrait-il ouvrir la voie à une stabilisation durable ? Pour Geagea, la réponse est claire : sans un État fort, capable de monopoliser l’usage de la force, le pays risque de sombrer dans un chaos encore plus profond. Mais la tâche s’annonce ardue, tant les divisions internes restent marquées.

Enjeu Impact
Désarmement du Hezbollah Renforcement de l’État, mais risque de tensions communautaires.
Influence iranienne Obstacle à l’intégration politique du Hezbollah.
Pressions internationales Poussent pour un Liban stable, mais compliquent les négociations.

Vers une solution viable ?

La question du désarmement du Hezbollah dépasse les frontières du Liban. Elle touche à la géopolitique régionale, où les rivalités entre Israël, l’Iran et les puissances occidentales continuent de façonner les dynamiques locales. Si le Hezbollah acceptait de rendre ses armes, il pourrait se repositionner comme un acteur politique légitime, mais au prix d’une perte d’influence militaire. À l’inverse, son refus pourrait exacerber les tensions internes et internationales.

Samir Geagea, en insistant sur l’urgence, appelle à une action décisive de l’État. Mais pour que cette démarche aboutisse, il faudra une volonté politique sans faille, un consensus intercommunautaire et un soutien international coordonné. Le Liban, à la croisée des chemins, devra choisir entre la consolidation de son État et la persistance d’un statu quo dangereux.

Les étapes clés pour un désarmement réussi :

  • Dialogue national : Inclure toutes les communautés pour éviter les tensions.
  • Soutien international : Garantir un appui financier et politique pour renforcer l’État.
  • Renforcement de l’armée : Assurer que l’État dispose des moyens de garantir la sécurité.

Le chemin vers la stabilité est semé d’embûches, mais l’appel de Geagea résonne comme un cri d’alarme. Le Liban, épuisé par des années de crises, a une occasion unique de redéfinir son avenir. Reste à savoir si le Hezbollah, sous la pression de l’Iran et de ses propres ambitions, acceptera de jouer le jeu de l’État. L’histoire du Liban, une fois encore, se joue sur le fil du rasoir.

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