Alors que le conflit entre Israël et le Hamas fait rage depuis un an, c’est au tour du Liban d’être entraîné dans la spirale de la violence. Depuis plusieurs jours, la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, est la cible d’intenses bombardements de la part de l’armée israélienne. Les habitants fuient en masse, laissant derrière eux une ville fantôme où seules résonnent les explosions des frappes de Tsahal.
Une nuit de terreur à Beyrouth
Dans la nuit de vendredi à samedi, les habitants de la banlieue sud de Beyrouth ont été réveillés par le vrombissement des drones israéliens survolant la ville à basse altitude. Peu après, cinq frappes d’une violence inouïe se sont abattues sur cette zone, dont quatre qualifiées de “très violentes” par l’agence de presse nationale libanaise ANI. Des panaches de fumée et de feu s’élevant des zones touchées, tandis que les ambulances se précipitaient sur place.
C’était l’enfer sur terre. Les bombes pleuvaient de partout, les immeubles s’effondraient comme des châteaux de cartes. On aurait dit la fin du monde.
– Un habitant de la banlieue sud de Beyrouth
Ces bombardements interviennent alors qu’Israël avait appelé la population à évacuer plusieurs quartiers de ce fief du Hezbollah quelques heures auparavant. De nombreux habitants ont ainsi fui vers d’autres régions du Liban, laissant derrière eux une ville désertée et livrée aux bombes de Tsahal.
L’aéroport de Beyrouth toujours en activité malgré les frappes
Malgré la violence des bombardements israéliens à proximité, l’unique aéroport du Liban, situé près de la banlieue sud de Beyrouth, reste ouvert et opérationnel. Selon l’ANI, plusieurs avions de la compagnie nationale Middle East Airlines (MEA) ont pu atterrir en toute sécurité. Une prouesse rendue possible grâce au professionnalisme des équipes de l’aéroport, qui affrontent avec sang-froid cette situation exceptionnelle pour assurer un lien vital avec l’extérieur.
- Les procédures de sécurité ont été renforcées à l’aéroport
- Les vols sont minutieusement coordonnés avec l’armée libanaise
- Le trafic aérien est adapté en fonction de l’évolution de la situation
Le spectre d’un nouveau conflit ouvert avec Israël
Cette escalade de la violence fait craindre un embrasement généralisé au Liban, à l’image de ce qui se passe dans la bande de Gaza depuis un an. Le Hezbollah, qui a engagé les hostilités à la frontière israélo-libanaise dès le début de l’offensive israélienne à Gaza en octobre 2023, semble déterminé à en découdre avec l’État hébreu. De son côté, Israël apparaît résolu à mener une guerre d’usure contre la milice chiite, quitte à plonger le Liban dans le chaos.
Nous sommes au bord du gouffre. Si la communauté internationale n’intervient pas rapidement pour faire baisser la tension, le Liban pourrait basculer dans une guerre ouverte aux conséquences dévastatrices.
– Un analyste politique libanais
Face à cette situation explosive, la communauté internationale semble pour l’heure impuissante. Les appels à la retenue lancés par l’ONU et plusieurs capitales occidentales n’ont pas suffi à calmer les ardeurs guerrières des belligérants. Beyrouth, comme le reste du Liban, retient son souffle et s’attend au pire dans les prochains jours.
Le Liban, victime collatérale du conflit israélo-palestinien ?
Au-delà de l’affrontement par procuration entre Israël et le Hezbollah, c’est la stabilité de tout le Liban qui est en jeu. Ce petit pays, mosaïque confessionnelle fragile, peine à se remettre de multiples crises : effondrement économique, explosion dévastatrice au port de Beyrouth en 2021, crise politique endémique… L’irruption de la guerre à ses portes pourrait bien être le coup de grâce porté à un Liban exsangue.
- Le Liban abrite plus d’un million de réfugiés syriens et palestiniens
- Son économie dépend fortement du secteur bancaire et du tourisme, deux piliers menacés par l’insécurité
- Les institutions politiques libanaises sont paralysées par les divisions confessionnelles
Dans ce contexte, une nouvelle guerre avec Israël pourrait précipiter le pays du Cèdre dans un abîme dont il aurait le plus grand mal à se relever. Une perspective qui inquiète autant la population libanaise que les observateurs internationaux, tant les implications régionales d’un effondrement du Liban seraient profondes et durables.
Le Liban est pris en otage par des intérêts qui le dépassent. Nous payons le prix fort de conflits qui ne sont pas les nôtres, alors que nous aspirons juste à vivre en paix et dans la dignité.
– Une habitante de Beyrouth
Alors que les bombes pleuvent sur Beyrouth et que le spectre d’une déflagration régionale se profile, le Liban traverse l’une des phases les plus sombres de son histoire tourmentée. Entre résilience et désespoir, les Libanais s’accrochent à l’espoir ténu d’un sursaut salutaire de la communauté internationale pour épargner leur pays d’un nouveau cycle destructeur. Une attente que l’intensification des raids israéliens rend chaque jour plus improbable, et le cauchemar d’un embrasement généralisé plus tangible.