Dans une allocution vidéo publiée mardi soir, le président français Emmanuel Macron a appelé le Liban à organiser « sans délai » une élection présidentielle suite à l’accord de cessez-le-feu conclu entre Israël et le Hezbollah libanais. Cette prise de position intervient quelques heures seulement après l’entrée en vigueur de la trêve, négociée sous l’égide de la diplomatie américaine et française.
La restauration de la souveraineté libanaise en jeu
Pour le chef d’État français, l’élection d’un nouveau président de la République est une condition sine qua non pour permettre au Liban de recouvrer sa pleine souveraineté. « La restauration de la souveraineté du Liban passe par l’élection sans délai d’un président de la République capable de rassembler les Libanais », a-t-il martelé dans son message vidéo relayé sur les réseaux sociaux.
Emmanuel Macron a également souligné l’importance de former « un gouvernement fort et représentatif » et d’adopter « les réformes nécessaires au redressement économique et financier » du pays du Cèdre, en proie à une grave crise depuis plusieurs années.
Un horizon dégagé mais des responsabilités accrues
Selon le président français, la trêve conclue offre certes un « horizon dégagé » aux autorités libanaises, mais elle implique aussi de grandes responsabilités. « L’horizon pour le Liban est celui d’un État fort, souverain, disposant du monopole de la force légitime, capable d’assurer la protection de toutes les communautés, et de vivre en paix et en sécurité avec ses voisins », a-t-il détaillé.
« Cette crise doit être l’occasion pour le Liban de se réinventer. »
Emmanuel Macron
Une mobilisation internationale en soutien
Emmanuel Macron a assuré que la France continuerait « de mobiliser pour le Liban tous ses partenaires, qu’ils soient américains, européens ou arabes ». Une promesse réitérée dans un communiqué commun publié avec le président américain Joe Biden, dans lequel les deux dirigeants s’engagent à veiller à la mise en œuvre complète de l’accord de cessez-le-feu.
Ils ont par ailleurs promis d’œuvrer au renforcement des « capacités » de l’armée libanaise et au redressement de l’économie du pays, affirmant que l’accord « protègerait » Israël de la « menace » représentée par le Hezbollah.
Vers une trêve durable à Gaza ?
Au-delà de la situation libanaise, le président français espère que ce cessez-le-feu pourra « ouvrir la voie » à un accord similaire à Gaza. « Cet accord doit ouvrir la voie à un cessez-le-feu trop longtemps attendu face aux souffrances sans commune mesure de la population de Gaza », a-t-il plaidé.
Pour Emmanuel Macron, la trêve israélo-libanaise « montre la voie d’un courage politique qui seul peut donner à tous, au Moyen-Orient, la paix et la sécurité dans la durée ». Un message d’espoir qu’il tentera sans nul doute de faire passer lors de ses prochains échanges avec les différents acteurs régionaux.
Le Liban face à des défis multiples
- Crise politique et institutionnelle avec une vacance présidentielle depuis octobre 2022
- Effondrement économique et financier sans précédent
- Tensions communautaires exacerbées
- Influence grandissante du Hezbollah, considéré comme un « État dans l’État »
Dans ce contexte plus que délicat, l’appel d’Emmanuel Macron résonne comme un encouragement mais aussi un avertissement pour la classe politique libanaise. Affaibli par des décennies de guerre, d’instabilité et de mauvaise gouvernance, le pays des cèdres se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins.
La tenue rapide d’une élection présidentielle crédible et transparente apparaît plus que jamais comme une nécessité pour sortir de l’ornière et redonner un avenir au Liban. Un défi de taille que les dirigeants libanais ne peuvent plus se permettre d’ignorer, au risque de voir leur pays sombrer définitivement dans le chaos.