Un an après un événement qui a secoué le Liban, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées à Beyrouth pour rendre hommage à un leader charismatique. Dans un climat de tensions persistantes, la question du désarmement d’un mouvement influent revient au cœur des débats. Pourquoi ce refus obstiné face aux pressions internationales et locales ? Cet article explore les enjeux, les motivations et les répercussions d’une décision qui façonne l’avenir du pays.
Un Anniversaire sous Haute Tension
Le 27 septembre 2025 marque une date symbolique pour le Liban. Un an plus tôt, une frappe israélienne d’une ampleur sans précédent a bouleversé la scène politique en éliminant un leader emblématique. Cet événement, qui a détruit un quartier entier de la banlieue sud de Beyrouth, a laissé des cicatrices profondes dans le pays. Aujourd’hui, les rassemblements massifs organisés dans la capitale et dans d’autres régions témoignent de la ferveur intacte des partisans d’un mouvement qui refuse de plier.
Des écrans géants retransmettent un discours vibrant, prononcé par le nouveau chef du mouvement, Naïm Qassem. Devant une foule brandissant des drapeaux jaunes et libanais, il martèle une position claire : le désarmement n’est pas une option. Ce refus, ancré dans une logique de résistance, s’inscrit dans un contexte où le Liban traverse une crise politique et économique sans précédent.
Un Mouvement Inébranlable
Le Hezbollah, soutenu par l’Iran, a longtemps dominé la vie politique libanaise. Malgré les pertes subies lors d’une guerre intense avec Israël, conclue par un cessez-le-feu en novembre 2024, le mouvement reste une force incontournable. Ses partisans, réunis lors des commémorations, affichent une détermination sans faille. Comme l’exprime Wissam Hodroj, un employé de 51 ans :
« Ce qui s’est passé depuis la dernière guerre a renforcé notre détermination. Nous ne livrerons pas nos armes. »
Ce sentiment est partagé par de nombreux sympathisants, y compris parmi la jeune génération. Zahraa Haidar, une étudiante de 18 ans, insiste sur la nécessité de rester inflexibles face à ce qu’elle qualifie d’ennemi israélien. Cette rhétorique, mêlant patriotisme et résistance, continue de galvaniser les foules, malgré les pressions croissantes pour un désarmement.
Pressions Internationales et Réactions Locales
Le refus de désarmer place le Hezbollah au centre d’un bras de fer diplomatique. Les États-Unis, en particulier, exercent une pression soutenue pour que les armes du mouvement soient remises à l’État libanais. Un plan, élaboré par l’armée libanaise à la demande de Washington, vise à amorcer ce processus, en commençant par le sud du pays, une région stratégique frontalière d’Israël. Pourtant, cette initiative se heurte à une opposition farouche, tant de la part du Hezbollah que de ses alliés.
Depuis New York, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a salué les efforts du Liban en faveur du désarmement, tout en insistant sur la nécessité d’actions concrètes. Ces déclarations, prononcées à la tribune de l’ONU, illustrent la complexité des relations entre les deux pays. Le cessez-le-feu de novembre 2024 n’a pas mis fin aux frappes israéliennes, qui continuent de viser des positions du Hezbollah au Liban.
Les enjeux clés du refus de désarmer :
- Souveraineté nationale : Le Hezbollah considère ses armes comme un rempart contre les menaces extérieures.
- Pression internationale : Les États-Unis et Israël exigent un désarmement pour stabiliser la région.
- Division interne : Le Liban reste profondément divisé sur le rôle du mouvement dans la politique nationale.
Une Commémoration Chargée de Symboles
Les commémorations organisées à Beyrouth ont mobilisé des milliers de personnes, dans une démonstration de force soigneusement orchestrée. Un mausolée dédié à l’ancien leader, situé dans la banlieue sud de la capitale, est devenu un lieu de pèlerinage pour les partisans. Des drapeaux jaunes, emblèmes du mouvement, flottent aux côtés des drapeaux libanais et iraniens, symbolisant l’alliance étroite avec Téhéran.
La présence d’un haut responsable iranien, Ali Larijani, lors de la cérémonie, souligne le soutien continu de l’Iran. Ce lien, à la fois financier et idéologique, renforce la capacité du Hezbollah à maintenir sa position, malgré les pertes subies. La mort de plusieurs cadres militaires, y compris le successeur désigné Hachem Safieddine, tué dans une frappe en octobre 2024, n’a pas entamé la détermination du mouvement.
Un Conflit aux Racines Profondes
Le refus de désarmer s’inscrit dans une histoire complexe, marquée par des décennies de tensions avec Israël. Depuis le 7 octobre 2023, date du début de la guerre à Gaza, le Hezbollah a ouvert un front au sud du Liban en soutien au Hamas, son allié palestinien. Ce conflit, qui a dégénéré en guerre ouverte en septembre 2024, a causé des pertes importantes des deux côtés. Le cessez-le-feu, bien que fragile, n’a pas mis fin aux hostilités.
Les frappes israéliennes, qui se poursuivent de manière sporadique, visent à affaiblir les capacités militaires du Hezbollah. Pourtant, le mouvement continue de mobiliser ses partisans autour d’un discours de résistance existentielle. Ce positionnement, ancré dans une rhétorique de martyre, trouve un écho puissant auprès de ses sympathisants, comme en témoignent les slogans scandés lors des rassemblements : « Mort à l’Amérique, mort à Israël ».
Divisions Internes et Polémiques
Le refus du Hezbollah de désarmer alimente les tensions internes au Liban. Une manifestation organisée sur le front de mer de Beyrouth, où le portrait de l’ancien leader a été projeté, a suscité une vive polémique. Les autorités, sous la pression d’un Premier ministre soutenu par l’Occident, ont tenté de réprimer cet événement, ordonnant l’arrestation de ses organisateurs. Cette mesure illustre les fractures profondes qui divisent le pays.
Le Liban, déjà fragilisé par une crise économique et politique, peine à trouver un consensus sur le rôle du Hezbollah. Pour certains, le mouvement est un pilier de la résistance face à Israël. Pour d’autres, ses armes constituent une menace à la souveraineté de l’État. Cette polarisation rend toute tentative de désarmement particulièrement complexe.
Enjeu | Impact |
---|---|
Refus de désarmer | Maintien de la tension avec Israël et pressions internationales accrues. |
Soutien iranien | Renforcement des capacités militaires et financières du Hezbollah. |
Divisions internes | Polarisation accrue et instabilité politique au Liban. |
Vers un Avenir Incertain
Le refus du Hezbollah de désarmer pose des questions cruciales pour l’avenir du Liban. Dans un pays où les institutions peinent à s’imposer, la présence d’un mouvement armé aussi puissant continue de diviser la population. Les pressions internationales, combinées aux défis internes, placent le Liban à la croisée des chemins.
Pour les partisans du mouvement, cette résistance est une question de survie face à des menaces extérieures. Pour ses détracteurs, elle compromet la stabilité et la souveraineté du pays. Alors que les tensions avec Israël persistent, l’équilibre fragile du cessez-le-feu pourrait être mis à l’épreuve à tout moment.
En conclusion, le refus du Hezbollah de désarmer, un an après la mort de son leader emblématique, illustre la complexité des dynamiques politiques et militaires au Liban. Entre résistance, pressions internationales et divisions internes, le pays navigue dans des eaux troubles, avec un avenir incertain. La question demeure : ce bras de fer mènera-t-il à une nouvelle escalade ou à un improbable compromis ?