Depuis la place Saint-Pierre au Vatican, le Pape François a lancé dimanche un appel solennel aux dirigeants politiques libanais, les pressant d’élire « tout de suite » un nouveau président de la République pour sortir le pays de la crise politique dans laquelle il est enlisé.
Une présidence vacante qui paralyse les institutions
Le Liban est sans président depuis la fin du mandat de Michel Aoun le 31 octobre 2022. Les profondes divisions entre le Hezbollah, puissant mouvement chiite armé, et ses adversaires empêchent jusqu’à présent l’élection d’un successeur, aucun des deux camps ne parvenant à réunir une majorité au Parlement.
Une situation qui paralyse le fonctionnement normal des institutions libanaises, déjà durement éprouvées par une crise économique et financière sans précédent. Le pays du Cèdre a un besoin urgent de réformes pour débloquer une aide internationale cruciale.
L’appel pressant du Pape François
Face à cette impasse, le chef de l’Église catholique a décidé de monter au créneau. « J’adresse une invitation pressante à tous les politiciens libanais afin que soit élu tout de suite le président de la République », a martelé François lors de sa traditionnelle prière de l’Angélus.
Le but est que les institutions retrouvent leur fonctionnement normal pour procéder aux réformes nécessaires et assurer au pays son rôle d’exemple de cohabitation pacifique entre les différentes religions.
Le Pape François
Un message fort envoyé par le souverain pontife, qui porte une attention toute particulière à ce pays du Proche-Orient où coexistent de nombreuses communautés religieuses, chrétiennes et musulmanes. Le Liban représente à ses yeux un symbole de pluralisme et de dialogue interreligieux.
Satisfecit papal pour le cessez-le-feu
La prise de parole du Pape François intervient quelques jours seulement après l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu entre l’armée israélienne et le Hezbollah à la frontière libano-israélienne, qui a permis de mettre fin à une escalade meurtrière.
Je me réjouis du cessez-le-feu qui a été obtenu ces derniers jours au Liban et j’espère qu’il pourra être respecté par toutes les parties, permettant ainsi à la population touchée par le conflit, aussi bien libanaise qu’israélienne, de rentrer chez elle.
Le Pape François
Une accalmie saluée par le Saint-Père, dans un contexte régional toujours très volatil et propice aux embrasements. Mais pour le Pape, la priorité absolue reste la stabilisation politique du Liban, condition sine qua non à la relance du pays.
Prochaine tentative d’élection début janvier
Les responsables politiques libanais sauront-ils entendre cet appel venu du Vatican ? Selon des sources parlementaires à Beyrouth, Nabih Berri, le président de l’Assemblée, a annoncé la tenue d’une nouvelle session du Parlement dédiée à l’élection présidentielle le 9 janvier prochain.
Si aucun candidat ne parvient à obtenir la majorité des deux tiers requise lors du premier tour, un second tour sera organisé dans la foulée à la majorité absolue. Mais beaucoup craignent un nouvel échec, les rapports de force au sein de l’hémicycle n’ayant pas évolué.
D’où l’importance de l’intervention du Pape François, qui espère faire bouger les lignes en usant de son influence morale. Car au-delà du symbole, l’enjeu est de taille pour les Libanais, qui attendent désespérément un sursaut de leurs élites pour éviter le naufrage de leur pays.