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Liban : Le Hezbollah Défie le Désarmement

Le Hezbollah rejette le désarmement ordonné par le gouvernement libanais, dénonçant une atteinte à la souveraineté. Une décision historique qui divise le pays : que va-t-il se passer ?

Le Liban, pays aux équilibres fragiles, se trouve à nouveau au cœur d’une tempête politique. Une décision récente du gouvernement, visant à désarmer le Hezbollah d’ici fin 2025, a provoqué une onde de choc. Ce mouvement chiite, soutenu par l’Iran, a qualifié cette mesure de « péché grave », promettant de l’ignorer. Pendant ce temps, les opposants saluent une avancée historique vers la souveraineté nationale. Mais dans un pays marqué par des décennies de conflits, cette initiative peut-elle aboutir sans plonger le Liban dans une nouvelle crise ?

Une Décision Historique au Cœur des Tensions

Le 27 novembre 2024, un cessez-le-feu négocié sous médiation américaine a mis fin à plus d’un an de conflit entre le Hezbollah et Israël. Cet accord, qui limite le port d’armes à six organismes militaires et de sécurité, a conduit le gouvernement libanais à prendre une mesure sans précédent : ordonner à l’armée de préparer un plan pour désarmer le Hezbollah. Cette décision marque un tournant, rompant avec une tolérance de longue date envers l’arsenal du mouvement, légitimé depuis l’accord de Taëf en 1990, qui a mis fin à la guerre civile libanaise.

Le Hezbollah, acteur incontournable de la politique et de la défense libanaises, voit dans cette initiative une menace directe à sa raison d’être : la résistance contre Israël. Le mouvement accuse le gouvernement de céder aux pressions étrangères, notamment celles des États-Unis, et de compromettre la sécurité du pays face à un voisin jugé menaçant.

Le Hezbollah : Une Résistance Inflexible

Dans un communiqué cinglant, le Hezbollah a dénoncé une décision qui, selon lui, « prive le Liban de l’arme de la résistance ». Le mouvement affirme que cette mesure, influencée par l’émissaire américain Tom Barrack, « donne les mains libres à Israël ». Pour le Hezbollah, le désarmement équivaut à une capitulation face à un ennemi qu’il accuse de violer régulièrement le cessez-le-feu en frappant des cibles au Liban.

« Nous ferons comme si cette décision n’existait pas », a déclaré le Hezbollah, rejetant fermement toute tentative de limiter son arsenal.

Le mouvement insiste sur une condition préalable à toute discussion : l’arrêt total des frappes israéliennes. Cette position reflète une méfiance profonde envers les intentions d’Israël, que le Hezbollah accuse de chercher à affaiblir le Liban pour mieux le dominer. En parallèle, le mouvement critique la « tutelle américaine » qu’il perçoit derrière les décisions du gouvernement.

Une Division Politique Profonde

La décision du gouvernement n’a pas fait l’unanimité. Lors de la réunion du Conseil des ministres, deux figures proches du Hezbollah et de son allié, le mouvement Amal, ont quitté la salle en signe de protestation. Le ministre de la Santé, Rakan Nassereddine, et la ministre de l’Environnement, Tamara el-Zein, ont ainsi exprimé leur opposition à ce qu’ils considèrent comme une soumission aux diktats étrangers.

Le mouvement Amal, dirigé par Nabih Berri, président du Parlement, a critiqué une décision qui « précipite de nouvelles concessions » à Israël. Selon Amal, le gouvernement aurait dû prioriser la consolidation du cessez-le-feu avant de s’attaquer à l’arsenal du Hezbollah. Cette fracture au sein du gouvernement illustre les tensions persistantes entre les factions pro et anti-Hezbollah.

Le Liban se trouve à un carrefour : renforcer la souveraineté de l’État ou préserver l’équilibre fragile entre ses forces politiques ?

Un Soutien Enthousiaste des Opposants

Face au rejet véhément du Hezbollah, ses opposants jubilent. Les Forces libanaises, dirigées par Samir Geagea, ont qualifié la décision de « historique », estimant qu’elle aurait dû être prise il y a 35 ans, à la fin de la guerre civile. De même, le parti Kataëb a salué une mesure qui « remet le Liban sur la voie de la souveraineté » et restaure l’autorité de l’État.

« Cette décision marque le retour à une décision libre pour l’État libanais », a affirmé le parti Kataëb.

Ces partis, farouchement opposés à l’influence du Hezbollah, voient dans cette initiative une opportunité de rétablir un monopole de l’État sur les armes. Ils mettent en garde contre toute tentative de revenir sur cette décision, dénonçant les pratiques d’« intimidation » du passé.

Un Contexte Explosif

Le Liban traverse une période particulièrement instable. Le cessez-le-feu, bien que salué, reste fragile. Israël affirme mener des frappes ciblées contre des infrastructures du Hezbollah, qu’il accuse de chercher à se réorganiser. De son côté, le Hezbollah dénonce ces attaques comme des violations de l’accord, menaçant d’escalader les tensions.

Dans ce climat, la décision de désarmer le Hezbollah soulève des questions cruciales :

  • Comment l’armée libanaise, souvent perçue comme sous-équipée, pourrait-elle imposer une telle mesure face à un mouvement aussi puissant ?
  • Le gouvernement parviendra-t-il à maintenir l’unité face aux pressions internes et externes ?
  • Quelles seront les répercussions sur les relations avec Israël et les puissances régionales, comme l’Iran ?

Ces interrogations alimentent un débat national où chaque camp défend sa vision de la souveraineté et de la sécurité du Liban.

Vers une Nouvelle Stratégie de Défense ?

Le Hezbollah a conditionné toute discussion sur son arsenal à l’élaboration d’une stratégie nationale de défense. Le mouvement insiste sur son rôle de rempart contre Israël, un argument qui trouve écho auprès de ses partisans. Cependant, pour ses détracteurs, cet arsenal constitue une menace à l’unité de l’État, permettant au Hezbollah d’exercer une influence démesurée sur la politique libanaise.

Le Conseil des ministres, dirigé par le Premier ministre Nawaf Salam, doit examiner plus en détail la proposition américaine. Cette réunion, prévue pour le 7 août 2025, pourrait clarifier les prochaines étapes. Mais dans un pays où les équilibres communautaires sont fragiles, toute tentative de désarmement risque de raviver des tensions confessionnelles.

Position Acteur Argument principal
Contre le désarmement Hezbollah L’arsenal est essentiel pour la résistance contre Israël.
Pour le désarmement Forces libanaises, Kataëb Renforce la souveraineté de l’État et met fin à l’influence du Hezbollah.
Critique modérée Mouvement Amal Priorité au cessez-le-feu avant toute discussion sur les armes.

Un Défi pour l’Avenir du Liban

Le désarmement du Hezbollah, s’il est mis en œuvre, pourrait redéfinir les rapports de force au Liban. Mais il soulève aussi le spectre d’une instabilité accrue. Le mouvement, fort de son ancrage populaire et de son soutien régional, ne semble pas prêt à céder. De leur côté, les partisans de la décision y voient une chance de restaurer un État véritablement souverain.

Le Liban, déjà fragilisé par des crises économiques et sociales, peut-il absorber un tel choc politique ? La réponse dépendra de la capacité du gouvernement à naviguer entre les pressions internes et les attentes internationales. Une chose est certaine : cette décision marque un tournant, dont les répercussions se feront sentir bien au-delà des frontières libanaises.

Le Liban, entre résistance et souveraineté, doit choisir son avenir.

Alors que le pays attend les prochaines étapes, le monde observe. Le Hezbollah, acteur clé du Moyen-Orient, continuera-t-il à défier le gouvernement ? Ou l’État libanais parviendra-t-il à imposer son autorité ? Les mois à venir seront décisifs pour l’avenir d’un pays au bord du précipice.

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