C’est un revirement de situation inattendu qui vient d’avoir lieu au Liban. Après des mois d’un conflit meurtrier avec Israël, le Hezbollah a annoncé qu’il allait coopérer avec l’État libanais pour renforcer le déploiement de l’armée dans le sud du pays. Cette trêve historique, qui doit mettre un terme à deux mois de guerre ouverte et de bombardements aériens israéliens dévastateurs, soulève de nombreuses questions quant à l’avenir de la région.
Une guerre destructrice aux origines complexes
Pour comprendre l’importance de cette annonce, il faut revenir sur les origines du conflit. Cette guerre, déclenchée le 23 septembre 2024 au Liban, faisait suite à un an d’échanges de tirs transfrontaliers dans le sud du pays entre l’armée israélienne et le Hezbollah. En octobre 2023, le mouvement chiite pro-iranien avait en effet ouvert un « front de soutien » à son allié, le Hamas, lui aussi confronté dans la bande de Gaza à une offensive israélienne. Un enchevêtrement d’alliances et de conflits qui a plongé la région dans une spirale de violence.
Bint Jbeil, symbole de la « résistance »
C’est depuis le village de Bint Jbeil, dans le sud du Liban, que le député du Hezbollah Hassan Fadlallah a fait cette déclaration surprise à l’AFP. Un lieu hautement symbolique pour le mouvement, après avoir été le théâtre de violents affrontements avec les soldats israéliens lors de la guerre de 2006. C’est aussi ici que l’ancien chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait prononcé en 2000 le discours de la « libération », après le retrait israélien du sud du Liban au terme de 22 années d’occupation.
Il y a une coopération totale à ce sujet de la part du Hezbollah. Il n’y aura aucun problème.
Hassan Fadlallah, député du Hezbollah
Le Hezbollah assure ne pas avoir « d’armes visibles » dans le sud
Interrogé sur les conditions de la trêve, qui prévoit notamment le déploiement de l’armée libanaise dans le sud, le député Fadlallah a assuré que la « Résistance » –surnom du Hezbollah– n’a pas de « bases » ou « d’armes visibles, car cette Résistance n’est pas une armée régulière ». Il a par ailleurs rappelé que les membres du mouvement sont originaires « des villages et des localités » du Sud. « La plupart des martyrs qui sont morts étaient les enfants de ces villages. Personne ne peut les éloigner », a-t-il averti.
Le gouvernement libanais déterminé à renforcer la présence de l’armée
De son côté, le Premier ministre libanais Najib Mikati a indiqué que son gouvernement était résolu à « renforcer la présence de l’armée dans le sud du pays ». L’armée a d’ailleurs rapidement commencé son déploiement dans la région sud suite à cette annonce. Une étape cruciale pour la stabilisation du pays et le respect de la trêve avec Israël.
De nombreuses questions en suspens
Si cette annonce est porteuse d’espoir, elle soulève néanmoins de nombreuses questions. Comment va s’organiser concrètement la cohabitation entre l’armée libanaise et le Hezbollah dans le sud du pays ? Quelles seront les réactions d’Israël et de la communauté internationale face à ce nouveau rapport de force ? Et surtout, cette trêve sera-t-elle durable et permettra-t-elle d’ouvrir la voie à une paix pérenne dans la région ?
Autant d’interrogations qui devront trouver réponse dans les semaines et mois à venir. Mais une chose est sûre : ce revirement stratégique du Hezbollah constitue un tournant majeur dans l’histoire tourmentée du Liban et du Moyen-Orient. Un espoir fragile de voir enfin ce pays et cette région se reconstruire, après des décennies de guerres et de souffrances.
